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Google renonce à son campus dans un quartier de Berlin qui n'en voulait pas

Naguère limitrophe du mur, cette zone de Berlin ouest où se côtoient barres d'immeubles et bars à cocktails est un bastion des mouvances antifasciste et anarchiste, déjà rodé aux luttes anti-expulsion.

Naguère limitrophe du mur, cette zone de Berlin ouest où se côtoient barres d'immeubles et bars à cocktails est un bastion des mouvances antifasciste et anarchiste, déjà rodé aux luttes anti-expulsion. - John MACDOUGALL-AFP

Le géant de l'internet renonce à ouvrir un immense campus à Berlin, un projet très critiqué par les habitants de ce quartier alternatif de la capitale allemande. Deux associations humanitaires occuperont les lieux à sa place.

Google n'était pas le bienvenu dans ce quartier de Berlin. L'entreprise américaine prévoyait pourtant d'installer dans une friche industrielle de l'ouest de la capitale allemande, à Kreuzberg, une vitrine locale de son esprit californien, soit 3000 m2 de bureaux, cafés et espace de coworking.

Mais aucun des six autres projets de campus de Google à travers le monde n'a été accueilli aussi froidement que dans la capitale allemande. Naguère limitrophe du mur, cette zone de Berlin ouest où se côtoient barres d'immeubles et bars à cocktails est historiquement un bastion de l'underground et des mouvances antifasciste et anarchiste, déjà rodé aux luttes anti-expulsion.

Deux associations humanitaires remplaceront Google

"La lutte paye. Google se retire", s'est félicité sur Twitter l'association "GloReiche Nachbarschaft", l'une des initiatrices du mouvement "Fuck off Google", appelant le géant californien "à aller voir ailleurs", selon cette expression familière en Anglais. Ce collectif organisait notamment chaque premier vendredi du mois une manifestation devant le futur campus.

Au lieu des multiples start-up qui devaient se côtoyer au milieu de 3000 m2 de bureaux, cafés et espaces de coworking, ce sont deux associations humanitaires qui occuperont finalement les lieux.

Google recherche d'autres locaux au centre de Berlin

"Kreuzberg obtient une maison pour l'engagement social. Merci à tous ceux qui nous ont accompagnés avec leurs critiques constructives et leurs idées", a affirmé sur Twitter, Ralf Bremer, le porte-parole de Google Allemagne. "Nous ne laissons pas les protestations nous dicter ce que nous faisons", a indiqué le porte-parole au quotidien berlinois Berliner Zeitung, précisant que l'entreprise californienne allait s'installer dans d'autres locaux dans le centre-ville mais en renonçant à son "Google Campus".

Google a ainsi répondu "aux demandes des politiciens et des voisins", a déclaré pour sa part Florian Schmidt, élu écologiste de Kreuzberg.

En revanche, le représentant des libéraux FDP de la ville de Berlin, Sebastian Czaja, a regretté cette "résignation", estimant qu'elle envoyait comme message aux futures entreprises: "Ne venez pas à Berlin, certainement pas à Kreuzberg" alors que Berlin est par ailleurs réputée pour être une terre d'accueil privilégiée pour les start-up du numérique.

F.Bergé avec AFP