Tekken 8: comment la franchise de Katsuhiro Harada est devenue mythique

Tekken 8 arrive ce vendredi pour fêter les 30 ans de la franchise de jeu de combat. Un jeu qui voulait révolutionner le genre en 3D et, de l'aveur même de son créateur Katsuhiro Harada, ne pensait pas durer.

“Je ne pensais pas que cela durerait 30 ans”. Katsuhiro Harada a le mérite de l’honnêteté alors qu’il est lancé dans la promotion de son dernier jeu Tekken 8, la licence à laquelle il a donné naissance en 1994. “Est-ce que je m’attendais à ce que je devienne une franchise à succès? C’est difficile à dire. “On m’avait dit qu’il faudrait 10 ans pour battre Virtua Fighter. Je pensais que cela prendrait 15 ans et qu’on s’arrêterait là. Et on en est au double et on est toujours là. Même moi, je suis surpris”, reconnaît auprès de Tech&Co le directeur créatif de Bandai Namco.

Lorsqu’il se penche sur la création de Tekken, c’est alors parce qu’il est persuadé que son idée peut apporter autre chose que le jeu de combat 3D star de l’époque. Une dimension un peu plus science-fiction. Le succès est immédiat et en près de deux ans, Tekken joue des poings avec Virtua Fighter. Trois décennies plus tard, Tekken 8 arrive sur consoles et PC (26 janvier). Son rival est, lui, porté disparu depuis 2012.

Virtua Fighter (1992) © Sega

"Je pensais que cela prendrait 15 ans et qu'on s'arrêterait là"

“Ce Tekken 8 est l’épisode qui se distingue le plus des autres jeux de combat du marché. Ce sont essentiellement des jeux en 2D alors que Tekken est en 3D”, relève Harada. “Les personnages peuvent se déplacer librement sur les niveaux en 3D. Chacun utilise des arts martiaux spécifiques, basés sur de vrais arts martiaux. C’est l’un des rares jeux comme ça de nos jours”.

En 30 ans, la franchise a beaucoup évolué. Si visuellement, il y a toujours eu un parti pris fort de proposer quelque chose de plus dynamique et fluide que la concurrence, Tekken a aussi appris de ses erreurs, reconnaît Harada: “Il y a toujours quelque chose qu’on aimerait changer après coup. Après le premier, j’essayais de ne pas y penser. Et c’est toujours le cas.”

“Il s'agit plutôt de savoir ce que l’on peut améliorer d’un épisode pour le suivant, les leçons à tirer pour rendre la suite encore meilleure. C’est à ça que j’essaie de penser avant tout”, analyse Katsuhiro Harada.

Au bout du 8e épisode, il a eu le temps de tirer les leçons du passé pour aller toujours de l’avant. Même quand ses opus étaient des succès. “Tekken 4 était très différent des autres. Ça a été un échec, mais une grande partie de la technologie du jeu a été utilisée dans les suivants”, rappelle le producteur de la série avant de citer Tekken 3, “probablement considéré par beaucoup de joueurs comme leur préféré”. “Il y a tellement de choses que je n’ai pas aimées dedans et d’autres que j’ai adorées. C’est contradictoire. Je ne sais pas pourquoi le jeu est devenu si populaire. Mais le succès a été tel que je ne veux pas penser à tout ça. Ce qui est fait est fait”, résume-t-il.

Créer des personnages pour satisfaire aussi la communauté Tekken

Les personnages comme l’histoire ont toujours eu une place prépondérante dans le jeu. Tekken raconte ainsi la guerre familiale entre Kazuya et son père Heihachi Mishima, tous deux possédés par un démon qui leur octroie des pouvoirs. Mais la querelle vise aussi à savoir lequel des deux est le meilleur combattant. Pour cela, Heibachi organise le King of Iron Fist Tournament, le tournoi réunissant les meilleurs combattants du monde.

Tekken 8 © BandaiNamco

Arrivera ensuite Jin Kazama, fils de Kazuya et Jun Kazama, lui aussi portant les pouvoirs du Diable comme son père. Le tout sur fond de guerre entre l’empire familial Mishima Zaibatsu et G Corporation, une firme biotechnologique. Des histoires de trahison, combat et super pouvoirs qui s’écrivent depuis trois décennies, pas loin d’être la plus longue saga en cours du jeu vidéo. Tekken 8 reprend l’affrontement entre Jin et Kazuya avec une volonté beaucoup plus cinématographique dans la mise en scène et le déroulé. On y assiste surtout à beaucoup de destruction que ne renieraient pas certains blockbusters américains.

Et la communauté de joueurs a été écoutée. “La popularité auprès de celle-ci est évidemment importante pour garder un personnage, mais il existe d’autres facteurs tel que le style. Est-il performant? Est-il nécessaire d’une autre manière? Il y a des incontournables et des personnages populaires”, explique Harada. C’est notamment le cas de Leroy Smith et Lili qui gagnent le droit de revenir. Les nouveaux venus sont ainsi ajoutés pour attirer de nouveaux joueurs d’une communauté qui ne se sent pas représentée.

Le combattant français Victor Chevalier dans "Tekken 8" a été doublé par l'acteur Vincent Cassel. © Bandai Namco

Arrivent cette année notamment Reina, étudiante de polytechnique, Victor Chevalier (alias Vincent Cassel dans la voix et les traits vieillis), ou encore Azucena, la Péruvienne fan de café. De quoi dynamiser un roster de départ qui comptera 32 personnages avant d’en voir arriver au fil des mois, chacun avec leurs atouts et leur talent. “L’idée est toujours de rendre Tekken amusant”, sourit Harada.

Un mode Arcade comme un retour aux sources

La force de Tekken 8, c’est de “mêler des combats d’arts martiaux, mais aussi de la science-fiction et du fantastique”. Un jeu de combat pur, mais qui n’oublie pas ses racines et ses premières années sur borne Arcade. Le dernier opus ajoute ainsi un mode Quête Arcade rappelant les vieilles salles de jeux et l’esprit de l’époque. “La culture et la communauté arcade se perdent en Occident”, déplore-t-il. “Ils ont presque disparu en Europe et aux États-Unis. Nous avons voulu recréer l’esprit des salles pour ceux qui les ont connues ou qui les ont vues en vidéo.”

Plus qu’une ambiance très 80-90s, le mode Quête Arcade se présente aussi comme un excellent tutoriel pour les nouveaux venus qui vont pouvoir créer leur avatar un peu “chibi” et le faire vadrouiller pour aller affronter d’autres joueurs et devenir le meilleur joueur arcade de Tekken. Une autre façon d’aborder la saga et d’apprendre les rudiments du combat très dynamique, du système Heat (des attaques spéciales que l’on peut activer pour donner plus d’agressivité) ou encore de se familiariser avec le Super Ghost Battle, une IA qui apprend de votre style de jeu et adapte sa stratégie pour vous pousser à vous améliorer.

Un hommage sous forme de retour aux origines pour boucler la boucle de 30 ans de saga de Mishima. Et c’est sans doute ce mode Quête Arcade qui pourrait permettre à la franchise de voir arriver de nouveaux joueurs qui n’ont jamais mis la main sur le jeu en les familiarisant plus facilement. Comme les tout premiers en quelque sorte.

TEKKEN 8 - Disponible le 26 janvier 2024 sur PS5, Xbox Series X⎜S et PC.

Melinda Davan-Soulas