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Du sang et des chevaliers en armure: Final Fantasy XVI signe un retour héroïque à la fantasy

Le dernier épisode en date de la saga sort ce jeudi 22 juin. Malgré quelques défauts, Final Fantasy XVI se présente comme un titre qui vient profondément renouveller la saga.

Du sang, du sexe, des chevaliers en cotte de mailles et un royaume déchiré par des guerres intestines. Est-ce qu'une nouvelle saison surprise de Game of Thrones vient de sortir? Non, il s'agit de Final Fantasy XVI, dernier né de la saga éponyme, paru ce 22 juin. Tech&Co a pu y jouer et vous propose son avis non-exhaustif sur le jeu.

Square Enix renoue avec l'heroic fantasy dans ce jeu aux allures bien plus sombres et matures que les titres précédents. On y suit l'histoire de Clive Rosfield, descendant de l'archiduché de Rosalia et frère Joshua, l'héritier du trône. Alors que Rosalia s'apprête à entrer en guerre, Clive voit son frère et son père mourir sous les coups d'une divinité inconnue et se jure de les venger.

Un royaume déchiré

Parallèlement, le royaume de Valisthéa, où se déroule l'aventure, est en proie au Fléau noir, un mal inconnu qui fait mourir faune et flore sur les deux continents qui le composent.

En conséquence, les nations de Valisthéa se déchirent à propos de ses cristaux-mère, des cristaux géants sur lesquels reposent les différentes nations pour leur vie de tous les jours - notamment la magie, qui leur permet eau, chauffage, etc. Les premières victimes en sont les Pourvoyeurs, des humains capables d'utiliser la magie sans cristaux et réduits à l'état d'esclaves pour ces pouvoirs. Chaque nation dispose également de son Emissaire, des humains capables d'invoquer des Primordiaux, des divinités très puissantes. Joshua, le frère de Clive, est d'ailleurs l'Emissaire du Primordial de feu, Phénix.

Au long de son "épopée", comme le présente le jeu, Clive sera accompagné de plusieurs acolytes aux personnalités plus ou moins attachantes. Les personnages secondaires, tels que Cid, Jill et Gab sont particulièrement attachants et bien construits, et viennent ponctuer l'aventure de Clive de manière bienvenue. L'évolution du personnage principal est palpable au fur et à mesure de ses rencontres et de ses péripéties, et on se prend aisément à apprécier de le voir ponctuellement sourire dans tout ce chaos.

Clive et Jill, protagonistes de Final Fantasy XVI
Clive et Jill, protagonistes de Final Fantasy XVI © Square Enix

Car du chaos, il y en a, dans cette épopée médiévale. Le retour vers l'heroic fantasy est l'une des plus belles promesses de ce Final Fantasy XVI, et surtout l'une des plus abouties. L'équipe derrière le jeu ne s'en est jamais cachée et a d'ailleurs expliqué s'être inspirée de la série à succès Game of Thrones.

S'il n'offre que peu de surprises tout au long de l'aventure, le scénario n'en est pas moins passionnant et tient le rythme pendant plus d'une trentaine d'heures de jeu. Les relations entre les personnages, qui se construisent au fil des aventures, sont fortes et complexes. Square Enix inaugure par ailleurs sa première relation gay explicite entre deux personnages - un parti pris qui lui vaut d'ailleurs d'être banni d'Arabie Saoudite.

Des combats allégés

Après une période de disette au début des années 2010, qui s'est adoucie avec la sortie mitigée par la critique de Final Fantasy XV, il est évident que la saga Final Fantasy tente de se réinventer avec ce dernier opus. Le projet tient en un mot: accessibilité. Pour attirer un public nouveau et plus large, le jeu et surtout son système de combat a été largement épuré.

Ce qui faisait la singularité de Final Fantasy, avec des combats d'équipe au tour par tour, et des personnages évoluant à l'envie du joueur, a été largement amoindri. Désormais, les combats sont plus conventionnels, répondant aux codes classiques du RPG occidental; l'équipe derrière le jeu le décrit d'ailleurs comme "premier RPG 100% action de la franchise".

Les combats se passent donc en temps réel, avec les traditionnels boutons dédiés aux coups et à la magie, ainsi qu'un système de combo plus ou moins varié. Il faut noter que le jeu est d'une simplicité assez désarmante: la journaliste ayant mis les mains dessus ne saurait finir un Dark Souls, et elle n'a rencontré quasiment aucune difficulté à venir à bout des boss spectaculaire de ce Final Fantasy XVI. Les combats sont toutefois dynamiques, et certains boss donnent une impression de puissance qui n'est vraiment pas désagréable.

Titan, l'un des Primordiaux de Final Fantasy XVI
Titan, l'un des Primordiaux de Final Fantasy XVI © Square Enix

Le jeu se montre ambitieux (peut-être trop, parfois) avec des combats de taille entre les Primordiaux - ces divinités spécifiques à la saga Final Fantasy et qui sont, ici, au coeur de l'intrigue. Impressionnants d'action et de spectaculaire, certains combats sont tout de même un peu longuets, notamment un combat en particulier contre la divinité Titan qui manque cruellement de dynamisme et s'avère vraiment répétitif - ce sera l'un des seuls dans ce cas le long de l'aventure.

Trop peu de personnalisation

Malgré aussi une volonté de renouvellement bienvenue, on regrettera de n'avoir accès qu'à peu de personnalisation dans les systèmes de combat et d'équipement, assez appauvris. Le joueur ne contrôlera donc que le personnage de Clive durant toute son aventure, et n'aura jamais la possibilité de faire évoluer ses compères. Malgré un système de forge toujours existant, on regrette également un vrai manque d'enjeu sur les équipements et armes pouvant équiper Clive, puisque les différents boss et ennemis n'ont pas de système de "faiblesse" selon les élements utilisés en combat.

Ayant appris de ses erreurs, Square Enix n'a pas souhaité réitérer l'expérience du monde ouvert, testée dans Final Fantasy XV et ayant mis en lumière de nombreux défauts du titre. L'équipe créative du jeu a d'ailleurs radicalement changé entre le XV et le XVI. En résulte un cheminement qui évoque davantage un God of War que les JRPG classiques, avec une histoire souvent réglée au milimètre, malgré quelques libertés dans la gestion des quêtes secondaires.

Ces dernières sont par ailleurs plutôt enthousiasmantes: elles ne tombent que rarement dans la répétition, et une belle partie d'entre elles donnent lieu à des dialogues parfois touchants. Il faut d'ailleurs noter que la totalité des quêtes secondaires étant facultatives, il est possible de rater certains éléments plutot indispensables dans l'histoire, comme l'acquisition d'une monture.

Un paysage de Final Fantasy XVI
Un paysage de Final Fantasy XVI © Square Enix

En outre, ces quêtes secondaires sont indispensables pour véritablement découvrir le royaume dans lequel se déroule l'intrigue: on aura vite fait de ne visiter qu'une partie de la mappemonde si l'on passe à côté de certaines quêtes, et c'est bien dommage, car il faut reconnaître que le royaume de Valisthéa est superbe.

Les nations et leurs paysages y sont variés et disposent réellement d'une identité propre. On y trouve châteaux médiévaux, désert, cascades et forêts luxuriantes. Certains villages manquent en revanche un peu d'originalité dans l'ensemble, mais les personnages qui les peuplent viennent raviver le tout.

Un paysage de Final Fantasy XVI
Un paysage de Final Fantasy XVI © Square Enix

La musique est composée par Masayoshi Soken, qui avait déjà travaillé sur Final Fantasy XIV, et reprend avec délicatesse certains thèmes principaux de la saga composés par Nobuo Uematsu. Parfois discrète, elle se montre grandiose lorsqu'on parcoure certains paysages, notamment les contrées de Rosalia, dont le thème est réellement enchanteur. Les musiques lors des combats de boss sont également à la hauteur du spectaculaire. Les vrais fans regretteront l'absence du thème des Chocobos, cependant.

L'un des points forts anecdotiques mais vraiment appréciables du jeu, c'est tout au long de l'intrigue, les PNJ - personnages non jouables qui peuplent la mappemonde - vont évoluer dans leurs discours et dialogues. Si une nation tombe, la rumeur se répandra rapidement, et les conversations vont évoluer tout au long de l'expérience. La crédibilité du jeu et de son scénario s'en sort vraiment concrétisée.

Côté dialogues, cependant, c'est là que le bât peut parfois blesser. Si la saga Final Fantasy ne s'est jamais cachée de donner parfois dans les "bons sentiments", sur l'amitié, l'amour, l'espoir et consorts, les cinématiques (près de 11h durant tout le jeu!) sont parfois trop longues, en raison de dialogues un peu entendus et d'un manque de dynamisme. Certes, la construction des personnages est complexe et évolue grandement au long de l'aventure, mais elle se serait faite aussi en laissant de côté quelques discours parfois ingénus.

Le jeu propose trois doublages: français, anglais et japonais. Chez Tech&Co, nous avons joué avec les doublages français, qui sont très appréciables, notamment les voix de Clive et Cid.

Notre avis

En définitive, Final Fantasy XVI est un jeu qui répond à plusieurs promesses: celle de proposer un titre plus "accessible", avec un système de combat largement simplifié et en temps réel. Si les puristes de Final Fantasy seront un peu déçus, les nouveaux venus et les non-habitués pourront mettre les mains aisément sur le titre.

Aussi, le lien rétabli avec l'heroic fantasy est une franche réussite sur tous les plans, et permet un titre plus mature, plus profond, avec un scénario haletant. L'identité Final Fantasy n'en pâtit pas: les fans retrouveront de nombreuses mécaniques et éléments fondateurs de la série, sans perdre les non-initiés.

Victoria Beurnez