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"Des milliers d'heures de travail": rencontre avec Sikay, cosplayeuse professionnelle

La jeune femme, cosplayeuse professionnelle, se rend à des dizaines de salons chaque année pour incarner des personnages issus de la culture jeu vidéo.

Pour Sikay, cosplayeuse professionnelle, la scène, c'est avant tout "l'adrénaline, les papillons dans le ventre, l'effervescence. C'est une sensation que je n'ai jamais réussi à retrouver dans n'importe quel sport extrême". La jeune femme, que Tech&Co a rencontrée, est l'un des finalistes du concours de cosplay de la Paris Games Week, qui s'est déroulé dimanche.

Le cosplay (pour "costume" et "play") consiste à incarner un personnage de son choix, des pieds à la tête mais aussi dans l'attitude. C'est aussi l'une des rares activités qui permet de réunir sur scène la Princesse Zelda, Kassandra d'Assassin's Creed Odyssey, Robocop, Amicia de Rune de A Plague's Tale ou encore Fiddlesticks de League of Legends.

Les 15 cosplayeurs se sont succédés pendant quelques secondes sur scène, dans la peau de leur personnage, sous les acclamations de la foule enthousiaste et les éloges d'un jury - lui-même en costume.

Les jurys de la finale du concours de cosplay de la Paris Games Week
Les jurys de la finale du concours de cosplay de la Paris Games Week © Tech&Co

Sikay, elle, avait choisi d'incarner Jeanne, un personnage du jeu mobile Summoners Wars. En plus de son costume, qu'elle a passé des centaines d'heures à mettre au point, elle a également fabriqué un bouclier et une masse.

Styliste de formation et reconvertie en costumière de théâtre, Sikay affirme à Tech&Co que le cosplay représente aujourd'hui "50% de son activité professionnelle". Loin d'être un simple déguisement, une expression d'ailleurs mal vue pour les pratiquants, le cosplay est pour elle un "art multiple".

Jusqu'au moindre détail

"Le cosplay, ce n'est pas simplement acheter un costume sur internet et s'habiller avec", une pratique que la candidate décrit en riant comme "la fast-fashion du cosplay".

"Ce sont des milliers d'heures de travail. Broderie, couture, peinture, impression 3D, maquillage, fabrication des perruques... Sans compter l'adaptation au rôle, au personnage, qui est une partie intégrante de cette activité", décrit la jeune femme.

Du rendu global jusqu'à la moindre broderie sur un jupon, chaque détail compte pour incarner à la perfection les personnages. Ce sont d'ailleurs sur ces critères que s'est basé le jury pour récompenser, ce dimanche, une jeune femme incarnant Eivor, personnage principal d'Assassin's Creed Valhalla, qui a remporté le grand prix de cette finale.

"Une vraie émotion"

Pas de victoire pour Sikay ce dimanche, mais la jeune femme n'en est pas à son premier concours. Elle participe environ à une vingtaine de salons et deux concours par an.

Elle en a d'ailleurs déjà gagné plusieurs, dont trois avec le cosplay de Vi, un personnage du jeu vidéo en ligne League of Legends.

"C'est une consécration de recevoir une validation à la fois par un jury professionnel, mais aussi par le public. Il y a une vraie émotion qui se passe entre toi et les gens: voir ton héros ou ton vilain préféré incarné, vivant, c'est incroyable", admet-elle.

Si Sikay salue le fait qu'en France, l'activité de cosplayeur puisse désormais être reconnue comme professionnelle, elle regrette encore le manque de visibilité de cette pratique auprès du grand public.

"Je compare souvent les cosplayeurs aux drag queens: tu crées un personnage de toutes pièces, et le but, c'est souvent de ne pas se ressembler. L'un des plus beaux compliments qu'on puisse faire à un cosplayeur, c'est d'ailleurs de lui dire 'je ne t'ai pas reconnu!" Mais, contrairement à Drag Race, une émission qui cartonne aujourd'hui, le cosplay n'a pas encore trouvé son show". Peut-être le prochain gros succès de Netflix?

Victoria Beurnez