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États-Unis: des messages Facebook pourraient envoyer en prison une femme ayant avorté illégalement

En août 2022, une Américaine de 17 ans a été accusée d'avoir avorté illégalement au Nebraska. Ce sont ses conversations Facebook qui ont permis de l'inculper, ainsi que sa mère.

Elles ont toutes les deux plaidé coupable. Celeste Burgess et sa mère Jessica Burgess risquent de la prison pour avoir réalisé un avortement illégal dans l'État américain du Nebraska, indique le média américain TechCrunch. L'affaire s'est déroulée l'été dernier et est devenue un symbole aux Etats-Unis.

Dans la foulée de la révocation du droit à l'avortement dans le pays, les géants du web ont été fortement sollicités pour protéger les femmes souhaitant avorter. Entre les applications de suivi des règles, les fausses vidéos sur YouTube ou encore les informations collectées par Google, de nombreuses entreprises ont été pointées du doigt pour leur capacité à repérer des citoyennes souhaitant mettre un terme à une grossesse.

Mais quelques semaines après la décision de la Cour suprême, Celeste Burgess, alors âgée de 17 ans, a réalisé un avortement illégal. Elle a mis un terme à sa grossesse avec l'aide de sa mère, Jessica Burgess, après plus de 20 semaines de gestation alors que l'État du Nebraska ne l'autorise que jusqu'à 12 semaines.

Messages privés sur Facebook

Si cet acte était illégal, avant même la révocation du droit à l'avortement, il a permis d'illustrer le rôle que les plateformes pouvaient jouer dans ce type d'affaires. Car la mère et sa fille ont utilisé Facebook pour s'organiser. Et leur inculpation se base principalement sur leurs messages privés échangés sur le réseau social.

Ces discussions ont été fournies par Facebook sur simple demande des autorités. Ce cas avait également relancé un débat sur le chiffrement de bout en bout. Cette technologie permet de rendre inaccessible n'importe quelle conversation privée à toute personne ne faisant pas partie de l'échange.

Devant le juge début juillet, Jessica Burgess a reconnu avoir aidé sa fille en lui procurant des pilules abortives. Elle a aussi admis avoir participé à faire disparaître le fœtus en le brûlant et l'enterrant. La mère a été accusée de deux crimes et d'un délit. Le verdict sera rendu le 22 septembre 2023 et pourrait, selon le principe américain du cumul des peines, atteindre jusqu'à cinq ans de prison, détaille TechCrunch.

Pour sa part, Celeste Burgess - désormais âgée de 18 ans - a été jugée en tant qu'adulte au mois de mai. Elle a reconnu les faits qui lui sont reprochés en plaidant coupable, comme sa mère. Sa peine pour enlèvement, dissimulation et abandon de cadavre pourrait lui valoir jusqu'à deux ans de prison.

Pierre Monnier