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Des algorithmes de Facebook jugés "sexistes" dans le viseur de trois associations

Trois associations, la Fondation des Femmes, Femmes Ingénieures et Global Witness, ont annoncé lundi saisir la Défenseure des droits et la Cnil pour "discrimination sexiste" concernant des offres d'emploi proposées par les algorithmes de Facebook.

L'ONG Global Witness a réalisé en mars 2022 un test en créant cinq offres d'emploi formulées de manière neutre, pour autant de métiers: secrétaire, pilote de ligne, auxiliaire petite enfance, psychologue, responsable d'une structure informatique.

Femmes secrétaires et hommes pilotes

Pour la diffusion, Global Witness a laissé aux algorithmes de Facebook le pouvoir de sélectionner l'audience ciblée par ces annonces. Or l'annonce "Petite enfance" a ciblé des femmes à 94%, l'annonce "Secrétaire" à 92% et l'annonce "Psychologue" à 80%, indique la Fondation des Femmes dans un communiqué commun avec les deux autres organisations.

A l'opposé, "l'annonce pour un poste de pilote de ligne a été proposée à 85% d'hommes et celle de responsable de structure informatique à 68% d'hommes", poursuit-elle. "Dans presque tous les cas, les annonces que nous avons publiées ont été diffusées à un seul sexe, ce qui montre clairement que les algorithmes au coeur du modèle économique de la plateforme sont profondément problématiques", commente Naomi Hirst, responsable de Global Witness, citée dans le communiqué.

"Biais sexistes des systèmes automatisés"

Le test réitéré en avril 2023 a montré les même résultats, indique à l'AFP Floriane Volt de la Fondation des Femmes. Les résultats des tests montrent les "biais sexistes des systèmes automatisés de Facebook dans le ciblage des audiences", dénonce l'association. Ils "placent le recruteur de bonne foi dans une position d'illégalité" en ne permettant pas "l'égal accès des hommes et des femmes à l'emploi".

Ils "perpétuent des stéréotypes sexistes": aux femmes les métiers du soin à la personne, pour les hommes les postes à responsabilité. Ils écartent de fait les femmes "d'opportunités d'emplois mieux rémunérées", selon le communiqué.

Or selon les trois associations, le recrutement sur des réseaux sociaux est une "pratique courante" tant pour les PME que pour les demandeurs d'emploi. Les trois associations ont également saisi la Cnil pour "manquement potentiel avec le règlement général sur la protection des données (RGPD)" et avec la loi informatique et libertés car elles estiment que le traitement des données par les algorithmes est "opaque et illicite" et "crée des discriminations en raison du sexe".

J.R. avec AFP