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Données personnelles: l'Allemagne demande à Facebook de suspendre la mise à jour de WhatsApp

L'application de messagerie sécurisée Signal est beaucoup téléchargée depuis que son concurrent WhatsApp a prévenu qu'il partagerait davantage de données avec sa maison-mère Facebook

L'application de messagerie sécurisée Signal est beaucoup téléchargée depuis que son concurrent WhatsApp a prévenu qu'il partagerait davantage de données avec sa maison-mère Facebook - Indranil MUKHERJEE © 2019 AFP

WhatsApp, filiale de Facebook, va forcer les utilisateurs à accepter une intégration plus large aux services de sa maison-mère. Le régulateur allemand pointe un manque d’informations claires au sujet de cette mise à jour.

Une autorité allemande de protection des données personnelles a ordonné mardi à Facebook de suspendre durant trois mois l'utilisation des données que mettrait à sa disposition le service de messagerie WhatsApp dans le cadre de la modification controversée de ses conditions de confidentialité.

Le régulateur indique dans un communiqué avoir "émis une ordonnance interdisant à Facebook Ireland (en charge du réseau social en Europe, ndlr) de traiter les données personnelles de WhatsApp dans la mesure où cela est fait à ses propres fins".

Facebook refuse de suspendre la mise à jour

Johannes Caspar, chef de l'Autorité de protection des données de Hambourg, où est basé le siège de la filiale allemande du réseau social américain, estime que cette décision "vise à préserver les droits et libertés des millions d'utilisateurs qui donnent leur consentement aux conditions d'utilisation dans toute l'Allemagne".

Dans une réaction transmise à l'AFP, WhatsApp assure que cette ordonnance "est basée sur une incompréhension fondamentale" des nouvelles règles et qu'elle n'aura donc "aucun impact sur la poursuite du déploiement de la mise à jour".

Résultant d'une procédure d'urgence, la demande de suspension est valable trois mois et le régulateur de Hambourg annonce soumettre l'affaire au Comité européen de la protection des données, organe compétent au sein de l'UE pour faire respecter les règles parmi les Vingt-sept.

WhatsApp, le service de messagerie de Facebook, a présenté il y a plusieurs mois de nouvelles règles de confidentialité accusées par ses détracteurs d'élargir la collecte des données des deux milliards d'utilisateurs.

Colère des utilisateurs

Après avoir déjà décalé de plusieurs mois leur entrée en vigueur, WhatsApp a annoncé début mai qu'il retardait de nouveau leur application stricte. Ceux qui les refusent à partir du 15 mai s’exposent toutefois à voir l’application devenir progressivement inutilisable.

L'annonce des changements avait provoqué la colère de nombreux utilisateurs, inquiets à l'idée que la messagerie ne partage davantage de données avec sa maison mère Facebook.

"Les critiques formulées dans le monde entier à l'encontre des nouvelles conditions d'utilisation devraient inciter à repenser fondamentalement le mécanisme de consentement, une fois de plus", écrit encore le régulateur allemand.

Il souligne qu'il ne s'agit pas seulement de protéger la vie privée des utilisateurs, mais aussi d'éviter l'utilisation des données "pour influencer les décisions des électeurs afin de manipuler les choix démocratiques", citant la proximité des élections législatives du 26 septembre en Allemagne où WhatsApp compte près de 60 millions d'utilisateurs.

WhatsApp avait défendu ces nouvelles règles, assurant qu'elles n'affectent pas la confidentialité des messages échangés avec amis et famille, mais étaient avant tout destinées à aider les entreprises à mieux communiquer avec leurs clients via la plateforme, notamment pour leur permettre d'y vendre directement leurs produits.

Dans sa réaction mardi au jugement, le service explique que les allégations du régulateur allemand sur le partage des données avec Facebook sont "erronées": "votre acceptation des nouvelles conditions de service n'étend pas la capacité de WhatsApp à partager les données des utilisateurs avec sa société mère Facebook", assure un porte-parole.

L’entreprise ne précise toutefois pas les implications de cette mise à jour dans le traitement des données personnelles de ses utilisateurs.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably avec AFP Rédacteur en chef adjoint Tech & Co