Tech&Co
Tech

Des premiers bébés nés d’une fécondation in-vitro par un robot contrôlé par une manette de PS5

Aux Etats-Unis, un robot a permis de fertiliser un ovule humain, donnant naissance à deux fillettes en bonne santé. Une étape de plus vers une fécondation in-vitro totalement automatisée?

La scène, rapportée par le MIT Technology Review, a tout d’un roman de science-fiction. Au printemps dernier, un ingénieur d’une équipe espagnole, lui même sans réelles connaissances en matière de science de la fertilité, s’est armé d’une manette de PlayStation 5 pour positionner une minuscule aiguille télécommandée contenant un unique spermatozoïde… et fertiliser un ovule humain.

Répétée sur douze ovules au total dans la clinique New Hope Fertility Center à New York, l’opération a mené à la naissance de deux petites filles en parfaite santé. Elles seraient ainsi les premiers bébés nés d’une fertilisation robotique in-vitro, d’après les chercheurs.

La startup Overture Life, qui a développé ce robot et a récemment levé 37 millions de dollars (environ 33,8 millions d’euros), dit vouloir généraliser le recours à la fédondation in-vitro. Actuellement, la "FIV" est une procédure manuelle délicate et coûteuse, car elle requiert une grande expertise humaine.

Automatiser une procédure complexe

Plusieurs projets cherchent donc à automatiser des étapes de la procédure, comme collecter l’ovule de 0,1 millimètre de diamètre, récupérer le spermatozoïde, l’insérer dans la cellule féminine, ou encore distribuer à l’embryon des gouttes de matière destinée à sa croissance.

Ces systèmes robotisés parfois plus précis pourraient mener à une amélioration des chances de succès des fécondations in-vitro, et donc, à davantage de bébés.

Rien ne garantit cependant que les avancées technologiques fassent baisser les coûts des FIV, ni que ceux-ci soient répercutés sur le prix de la procédure, explique l’entrepreneur Alan Murray, qui a cofondé Conceivable Life Sciences, une autre startup new-yorkaise dédiée à l’automatisation de la FIV.

En France, une fécondation extra-corporelle coûte en moyenne 4.100 euros, et l’acte est entièrement pris en charge par l’Assurance maladie. Mais aux Etats-Unis une seule tentative peut coûter 20.000 dollars (18.000 euros).

Rivaliser avec l’expertise humaine

Un logiciel informatique conçu par la société IVF 2.0 serait aussi en capacité de remplacer les humains pour identifier les spermatozoïdes les plus sains. Son but: trouver les spermatozoïdes capables d’engendrer le plus de bébés. Pour l’instant, le système informatique semble légèrement meilleur que l’expertise humaine.

"Nous n’affirmons pas qu’il est plus efficace qu’un humain, mais qu’il est simplement tout aussi bon", fait remarque au MIT Technology Review le fondateur de la startup, Alejandro Chavez-Badiola. "Et surtout, il ne fatigue jamais. Un humain doit être performant à 8 heures du matin, après son café, et s’être disputé au téléphone", poursuit ce médecin spécialiste de la fertilité et basé à Mexico.

Bientôt des incubateurs pour bébés?

Certaines équipes vont jusqu’à imaginer un système portatif permettant une fécondation in-vitro de A à Z, facilement disponible en cabinet de gynécologie, et non plus uniquement dans des hôpitaux ou des cliniques privées coûteuses, comme aux Etats-Unis.

Une sorte de "mini-berceau" appelé "OvaReady" est par exemple actuellement élaboré par AutoIVF, une société issue d’un laboratoire de l’hôpital général du Massachusetts et de l’université de Harvard. Des documents suggèrent que ce système pourrait permettre de repérer et séparer des ovules de leur tissu protecteur de façon automatique.

Des capsules de ce type pourraient ensuite abriter l’embryon jusqu’à son insémination… voire, imagine Alejandro Chavez-Badiola, jusqu’à sa naissance, à la manière d’un utérus artificiel.

Lucie Lequier