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Des gens qui "ne devraient pas être ici": chez Facebook, Zuckerberg met la pression sur ses salariés

Mark Zuckerberg annonçant le changement de nom de Facebook pour Meta en octobre 2021.

Mark Zuckerberg annonçant le changement de nom de Facebook pour Meta en octobre 2021. - Facebook

La maison-mère de Facebook a annoncé réduire ses projets d'embauche d'ingénieurs d'au moins 30% cette année. Alors que Meta fait face à un ralentissement de sa croissance, le groupe se restructure.

Meta réduit la voilure. La maison-mère de Facebook va réduire ses projets d'embauche d'ingénieurs d'au moins 30% cette année, rapporte Reuters. Le PDG Mark Zuckerberg en a informé ses employés jeudi 30 juin lors d'une réunion, tout en les avertissant qu'ils devaient se préparer à un profond ralentissement économique.

Au total, l'entreprise devrait tout de même embaucher entre 6000 à 7000 ingénieurs courant 2022, contre les 10000 postes initialement budgétés.

"Si je devais parier, je dirais qu'il s'agit peut-être de l'un des pires ralentissements que nous ayons connus dans l'histoire récente", a estimé Mark Zuckerberg auprès de ses équipes, selon un enregistrement auquel a pu accéder Reuters.

"Augmenter la pression" sur les salariés

Au-delà de réduire les créations de postes, Meta va intentionnellement laisser des emplois vacants. L'objectif clairement assumé: "augmenter la pression" sur les indices de performances, afin d'évincer les employés incapables d'atteindre ces nouveaux objectifs.

"De manière réaliste, il y a probablement un tas de personnes dans l'entreprise qui ne devraient pas être ici", a lâché Mark Zuckerberg.

Et de poursuivre: "J'espère qu'en augmentant les attentes, en fixant des objectifs plus ambitieux et en faisant monter un peu la pression, certains d'entre vous décideront que cet endroit n'est pas pour eux. Et je suis d'accord avec cette autosélection."

Période de turbulences

Facebook traverse une période de turbulences. Son modéle économique, entièrement basé sur la publicité ciblée, est critiqué par les régulateurs du monde entier par souci de protection des données personnelles.

Il fait face à un ralentissement de la croissance de ses utilisateurs - qui sont tout de même 2,8 milliards dans le monde - et de son chiffre d'affaires, qui restait cependant de près de 34 milliards de dollars (environ 29,8 milliards d’euros) en 2021. Conséquence: son cours de bourse a été divisé par deux depuis le début de l'année 2022, passant d'un titre d'environ 338 à 161 dollars.

Meta cherche donc à se restructurer. Le départ début juin de l'emblématique numéro 2, Sheryl Sandberg, a poussé le groupe à revoir sa direction.

Avec ce contexte, l'entreprise américaine doit "établir des priorités de manière plus impitoyable" et "faire fonctionner des équipes plus légères, plus aggressives et plus performantes", a écrit dans une note interne consultée par Reuters, Chris Cox, responsable des produits.

"Je dois souligner que nous traversons une période grave et que les vents contraires sont féroces, justifie Chris Cox. Nous devons agir sans faille dans un environnement de croissance ralentie, où les équipes ne doivent pas s'attendre à un afflux massif de nouveaux ingénieurs et de nouveaux budgets."

Les nouveaux paris de Meta

Pour poursuivre son développement, Meta cherche à s'assurer de nouvelles sources de revenus avec deux nouveaux défis.

A court terme, le groupe veut prendre le virage de la vidéo en poussant davantage les formats courts des "Story" et des "Reels" sur Facebook et Instagram - une façon de mieux copier et concurrencer TikTok.

Dans cette optique, Meta devrait ainsi multiplier par cinq son nombre d'unités de traitement graphique (GPU) dans ses centres de stockage d'ici la fin de l'année pour soutenir le développement de sa fonction de recommandation de contenus "Discovery" (découverte), a affirmé le responsable des produits.

A long terme, Meta mise sur la réalité virtuelle et augmentée pour s'imposer dans le metavers. Mais investir dans le développement de ces nouvelles technologies a un coût. Rien qu'au premier trimestre 2022, cette division a fait perdre près de 3 milliards de dollars à Meta - contre 10 milliards de pertes cumulées sur toute l'année 2021. De quoi pousser le groupe à revoir aussi à la baisse sa stratégie de développement de matériel.

Anaïs Cherif