Tech&Co
Culture Web

Pourquoi des courses de billes passionnent des millions d’internautes sur YouTube

e6c/4793ed0671e906f6ce90b3f86bf0c

e6c/4793ed0671e906f6ce90b3f86bf0c - YouTube (Jelle's Marble Runs)

Une écurie de Formule E a profité du confinement pour imaginer les répliques de grands prix sous forme de courses de billes. Un concept qui a séduit de nombreux spectateurs, notamment sur YouTube.

Le 18 avril, l’écurie de Formule E - équivalent électrique de la Formule 1 - de Mercedes a remporté une course majeure, suivie par un million et demi de spectateurs. Pourtant, aucune voiture du constructeur automobile n’a été mise sur la piste, confinement oblige. Cette course, baptisée Marbula E Race 1 "Paris”, en hommage au ePrix de Paris 2020 qui a dû être annulée pour cause de coronavirus, a en fait mis en scène douze billes, aux couleurs des véritables écuries de Formule E. Celles d’Audi, Nissan, Jaguar, ou encore Porsche étaient de la partie.

Répliques des courses annulées

L’initiative vient de l’écurie britannique Envision Virgin Racing, propriété du groupe chinois Envision Energy, spécialisé dans la production d’énergie, arrivée en troisième position des équipes lors de la saison 2018/2019. Face à l’interruption de la saison 2019/2020, les équipes marketing de l’écurie décident de trouver un moyen de continuer à faire parler de ce sport mécanique, d’une manière originale.

Elles découvrent alors la chaîne Jelle's Marble Runs, qui met en scène de façon humoristique des courses de billes en imitant une véritable course automobile, commentaires à l’appui. Elle cumule début avril 750.000 abonnés.

“Nous voulions profiter de cette longue coupure pour continuer à communiquer autour de la Formule E. Nous avons donc décidé d’organiser ces courses de billes, avec un système plutôt amusant reprenant les véritables courses et les véritables équipes” explique à BFM Tech Sylvain Filippi, directeur général d’Envision Virgin Racing.

Une fois le projet en tête, il décide de contacter les propriétaires de la chaîne YouTube, ravis de participer au projet, ainsi que les autres écuries. L’idée fait l’unanimité: les douze équipes sont alors au départ du Marbula E Race 1 "Paris”. Si la réalisation des courses est confiée aux créateurs de la chaîne, Envision Virgin Racing les aidera à intégrer au mieux les éléments habituels de la Formule E, à commencer par les sponsors. 

Pour rendre les courses le plus réaliste possible, Jack Nicholls, commentateur historique de la Formule E, est sollicité. Dès la deuxième course vient l’idée originale de simuler une vue embarquée dans la bille, à l’image des caméras qui équipent les voitures de course. Avec un résultat forcément ubuesque. Pour pousser la dérision au maximum, les entrechoquement des différentes billes sont analysés au ralenti, comme le serait une terrible collision entre deux bolides.

“Je ne m’attendais pas à un tel succès. Nous avions pour projet initial d’organiser trois courses. La première d’entre elles a cumulé plus d’un million et demi de vues [en additionnant les audiences de YouTube et Facebook, ndlr]. En termes de statistiques, il s’agit de l’un des meilleurs contenus que l’on ait créés” se félicite Sylvain Filippi.

67 millions de vues

La réplique de la course parisienne est suivie de celles de Séoul et Jakarta, en référence aux deux courses initialement prévues les 3 mai et le 6 juin 2020. Là encore, le succès est au rendez-vous, avec plus d’un million et demi de vues sur YouTube pour la course de Séoul, brillamment remportée par la bille de l’écurie Panasonic Jaguar Racing. 

-
- © YouTube (Jelle's Marble Runs)

Au total, et en comptant les visionnages “secondaires” liés aux partages des fans sur les réseaux sociaux, ces trois courses ont été suivies par 67 millions d’internautes. De son côté, la chaîne Jelle's Marble Runs, créée fin 2018, affiche désormais 1,14 million d’abonnés. Soit une croissance de plus de 50% en moins de trois mois.

Contrairement à ce que pouvaient attendre les initiateurs du projet, l’effet de nouveauté ne s’est pas essoufflé, bien au contraire. “Nous avons une croissance linéaire des audiences après chaque course. Tous ceux qui en ont déjà regardé suivent de nouvelles courses et en parlent à leurs proches” analyse Sylvain Filippi.

Face à cet engouement, ses équipes ont décidé de terminer la saison, avec trois courses supplémentaires à l’image de celles qui étaient initialement attendues pour le début de l’été en Formule E à Berlin, New York et Londres. Le véritable championnat de Formule E pourrait également reprendre, dans un format qui reste à définir. Pour séduire les téléspectateurs, il fera donc face à une concurrence pour le moins inattendue.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co