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Mondial: les prédictions des intelligences artificielles étaient-elles les bonnes?

Avant le début de la compétition, plusieurs entreprises et chercheurs avaient tenté de déterminer l’issue du tournoi grâce à des intelligences artificielles. Le bilan est mitigé.

La machine fait-elle de meilleurs pronostics que l’humain? C’est ce qu’ont essayé de démontrer des spécialistes, en mettant au point des intelligences artificielles chargées de prévoir l’issue de la Coupe du monde. Trois équipes ont fait parler d’elles: celle de la banque Goldman Sachs, celle de chercheurs de l’université de Dortmund et celle de l’éditeur de jeux vidéos EA Sports. Analyser leurs prédictions à l’issue de la compétition permet de mieux cerner les principales limites des algorithmes.

Des milliers de simulations

La banque Goldman Sachs est une habituée des prévisions financières, politiques, mais également sportives. Avant chaque compétition majeure, elle charge ses ingénieurs d’établir des modèles prédictifs, selon l’état de forme des joueurs, les caractéristiques des équipes ainsi que leurs performances récentes. Pour la Coupe du monde, elle a simulé un million de fois la compétition, afin d’en déduire des probabilités de victoire pour chaque équipe.

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Selon Goldman Sachs, c’est le Brésil qui aurait dû s’imposer en finale, face à l’Allemagne. Une revanche de la demi-finale de 2014, lors de laquelle les Allemands avaient humilié les Brésiliens sept buts à un. Toujours d’après les prédictions de la banque américaine, la France aurait été sortie par le Brésil en demi-finale, lui-même vainqueur face aux Belges. Lors de l’Euro 2016, les prédictions de la banque n’avaient pas été beaucoup plus pertinentes, avec une élimination du Portugal - futur vainqueur - face à l’Angleterre en quarts de finale. La victoire de la France face à l’Allemagne en demi-finale avait cependant été anticipée.

EA Sports beaucoup plus convaincant

De leur côté, des chercheurs de l’université de Dortmund ont appliqué un modèle analogue pour simuler cent mille fois la compétition. Les critères étaient plus larges que ceux de Goldman Sachs. Ils se basaient (entre autres) sur les cotes de paris sportifs, le classement FIFA, mais également le nombre de joueurs d’une équipe nationale évoluant dans un même club. Leurs modèles voyaient l’Espagne, l’Allemagne et le Brésil aux côtés de la France dans le dernier carré. Là encore, l’expérience est donc peu convaincante.

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EA Sports, éditeur de la série de jeux FIFA, s’est également essayé à l’exercice. Pour cela, ses équipes ont pu s’appuyer sur des milliers de statistiques individuelles, déjà utilisées pour calibrer l’intelligence artificielle des différents joueurs au sein du jeu FIFA 18. Les résultats sont plus encourageants. L’entreprise a vu juste sur le champion du monde: la France. En demi-finale, EA Sports avait anticipé une victoire de la France face à la Belgique, au même titre que la victoire face à l’Uruguay avec, en prime, le score exact (2-0). EA Sports avait également prévu l’élimination du Brésil par la Belgique en demi-finale.

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Les limites de l’intelligence artificielle

A première vue, la prestation de l’intelligence artificielle d’EA Sports est impressionnante, voire troublante. Mais il faut faire un tour dans l’autre partie du tableau pour se rendre compte que les principales surprises de la compétition n’avaient pas anticipées, à commencer par les éliminations de l’Espagne et de l’Allemagne - attendue en finale face à la France.

Malgré la puissance de calcul mise à leur disposition, les intelligences artificielles mobilisées pour anticiper cette Coupe du monde souffrent d’une limite: la qualité des modèles élaborés par les humains. Aussi complètes soient-elles, les statistiques restent insuffisantes pour anticiper un parcours exceptionnel - comme celui de la Croatie - ou un coup du sort. Ces prévisions très imparfaites ont pour vertu de rappeler que la machine ne peut se servir que de ce dont on la nourrit.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co