Tech&Co
Tech

Covid-19: toujours pas d’objets ni de badges connectés pour compléter StopCovid

Moins de deux millions de personnes ont téléchargé l'application StopCovid en France. Près de 500.000 l'ont déjà désinstallée. De nombreux utilisateurs ne sont pas convaincus.

Moins de deux millions de personnes ont téléchargé l'application StopCovid en France. Près de 500.000 l'ont déjà désinstallée. De nombreux utilisateurs ne sont pas convaincus. - Brightcove

Le gouvernement a envisagé le développement d'objets connectés pour permettre aux personnes dépourvues de smartphones d'être alertées en cas de risque de contamination. Cette piste perd actuellement en crédibilité.

Si elle n'est pas officiellement abandonnée, elle accuse un sérieux contretemps. La piste de la mise à disposition d'objets connectés pour compléter l'action de StopCovid ne s'est toujours pas concrétisée et bat actuellement de l'aile. Étudiée par le gouvernement avant même le lancement de l'application de traçage numérique, elle devait déboucher sur de premiers tests en juillet et en août. Ces derniers n'ont pas encore été menés.

Pour rappel, l'initiative visait à permettre aux personnes âgées ou dépourvues de smartphones, et donc de StopCovid, de disposer d'une solution alternative pour les avertir en cas de risque de contamination par le Covid-19. Ces mêmes objets connectés étaient censés être simples d'emploi et ne requérir aucun paramétrage spécifique.

Fin avril, le cabinet du secrétariat d'Etat au Numérique avait confirmé à RTL que le gouvernement planchait sur un objet connecté susceptible d'être associé à une éventuelle application de traçage des contacts des malades, sans pour autant qu'il soit question ni "de suivre les malades, ni de géolocalisation". Le 23 juin, Bruno Sportisse, le président de l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria), avait surenchéri en confirmant cette piste et émis l'hypothèse d'un prototype fonctionnel dès le mois de juillet.

Un badge et non un bracelet

Moins avare en détails, Ludovic Le Moan, le patron de la société toulousaine Sigfox, spécialiste des réseaux télécoms bas débit, avait laissé entendre qu'un tel objet pourrait prendre la forme non pas d'un bracelet connecté, pour dissiper toute polémique, mais d'un simple badge à porter sur soi. Il y voyait une solution alternative "plus démocratique" que StopCovid, pertinente aussi bien auprès des personnes âgées que des enfants ou des Français ne détenant pas de smartphone.

L'entreprise a depuis changé de discours. "Le déploiement des badges connectés à grande échelle évoqué il y a quelques temps en effet n’est pour le moment pas d’actualité", explique ainsi Sigfox auprès de BFM Tech, en rappelant que le groupe ne fabrique pas d'objets et se contente de fournir un service de connectivité. "Il faudrait donc qu’un gros industriel s’empare de l’idée de Ludovic Le Moan pour lancer une production de masse desdits badges. Ce n’est pas le cas à ce jour".

"Plus une priorité"

"On va dire que ce n’est a priori plus une priorité", note une source proche du dossier à propos de ces mêmes objets connectés, quand la Direction générale de la santé (DGS) indique "qu'aucune décision n'est prise quant à l'adoption de solutions techniques de ce type". Pour l'heure, seul le traçage humain, effectué par les brigades sanitaires, permet de suivre ceux qui n'ont pas de smartphone. L'autre acteur privé impliqué, le spécialiste français des objets connectés Withings, ne souhaite quant à lui "pas communiquer sur le sujet" pour le moment. Comme le rapportait Numerama, Cédric O, le Secrétaire d'Etat au numérique, avait lors d'une audition parlementaire suggéré que ce même acteur puisse passer à l'étape industrielle au cours de l'été.

L'application StopCovid, lancée le 2 juin, n'a pour le moment pas connu le succès escompté. D'après les toutes dernières données transmises le 19 août par la direction générale de la santé, seules 2,3 millions de personnes l'ont téléchargée - soit à peine 3% de la population française -, pour seulement 72 notifications de contacts à risque envoyées. Elle constitue néanmoins un outil prêt à l'emploi en cas de résurgence de l'épidémie, et d'une seconde vague.

Sollicitée par Public Sénat, la sénatrice Marie-Pierre de la Gontrie est allée jusqu'à qualifier l'application de "crash industriel prévisible et annoncé". Elle demande l’audition par la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion des pandémies de Cédric O. Si cette audition était réellement organisée, elle pourrait intervenir dès le mois de septembre.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech