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La Dreamcast a 25 ans: malgré son échec, la dernière console de Sega est devenue mythique

Il y a 25 ans sortait au Japon une console qui devait relancer Sega, en perte de vitesse. La Dreamcast allait marquer les esprits des joueurs, pas forcément l'histoire.

C’est une console dont la simple évocation semble raviver des souvenirs enthousiastes dans l’esprit des joueurs les moins jeunes. Pourtant, la Dreamcast est bien loin des records établis par la PS2, la Nintendo Switch ou même le Game Boy. De toute son existence, elle ne s’écoulera qu’à 8 millions d’unités. Mais elle a su apporter son lot d’innovations qui serviront à ses concurrentes.

Ce 27 novembre 1998, quand Sega lance la Dreamcast, le fabricant japonais espère retrouver de sa superbe. Après avoir joué des coudes avec Nintendo grâce à sa Mega Drive à la fin des années 1980-début des années 1990, il n’a pas su capitaliser avec la Saturn qui s’est effondrée face à la Nintendo 64 et surtout avec l’arrivée de la Playstation de Sony.

Une console en avance sur son temps

La Dreamcast est la première console de 6e génération du marché. Comme son nom l’indique, elle entend faire rêver les joueurs (dream) avec de la diffusion (broadcast). Elle est ainsi la toute première console de salon à intégrer un modem internet pour permettre le jeu en ligne, de naviguer sur internet et même de recevoir ses mails.

Mais ce sont surtout ses graphismes qui impressionnent avec le saut de génération qu’elle inaugure. La Dreamcast propose alors du 128 bits, bien mieux que la PS 1 et la Nintendo 64. C’est aussi pour cela qu’elle va rester dans les mémoires. Sa manette avec son écran LCD intégré et ses gâchettes arrières, qui feront par la suite des émules, ainsi que les cartes mémoires embarquées sur le contrôleur permettant d’accéder à des mini-jeux, feront aussi beaucoup pour sa légende.

La console de Sega a alors tout pour plaire. Et tout démarre bien pour la Dreamcast. Elle s’appuie sur la star maison, Sonic, pour la propulser au firmament. Le hérisson bleu arrive en 3D avec Sonic Adventure et il est le fer de lance d’une bibliothèque de jeux impressionnante. On y trouve le portage de SoulCalibur qui éblouit les habitués du jeu sur borne arcade, Virtua Fighter 3, Dead or Alive 2 ou encore Crazy Taxi.

Des jeux comme l’étrange Seaman, un poisson à tête d’homme, ou Typing of the Dead - où il faut tuer des zombies à coup de clavier - feront aussi partie de la force créative de la Dreamcast. Sega n’hésite alors pas à innover pour se démarquer et c’est ce qui restera dans les mémoires des joueurs.

Les jeux de la Dreamcast sont alors emblématiques. Peut-être trop parfois. La console n’est pas facile à apprivoiser pour bon nombre de développeurs, avec son système voulu pourtant simple, mais trop différent de ce qui se fait alors. Electronic Arts renonce à lui accorder ses jeux, alors Sega s’offre sa propre série de sport avec notamment NFL 2K en rival du jeu Madden d’EA dont le "réalisme" bluffe les observateurs.

Au Japon, le lancement est mitigé en raison de retards d’approvisionnement et de l’incapacité de Sega à honorer les nombreuses précommandes. Ailleurs, elle trouvera son succès. La Dreamcast ne sortira qu’en 1999 dans le reste du monde, le 9 septembre aux États-Unis où plus de 225 000 consoles sont vendues en 24 heures, un record mondial à l’époque, et un million début novembre. La France et l’Europe attendent le 14 octobre pour la voir arriver en boutique à 1690 F (260 euros). Sega totalisera alors 500.000 ventes à Noël, avec six mois d’avance sur les prévisions du géant japonais.

La Playstation 2 enterre les derniers espoirs de Sega

Mais ce démarrage en fanfare cache une dure réalité à venir. Un problème sur certaines machines, des ventes qui ralentissent vite, des jeux qui arrivent en retard et un catalogue qui tarde à s’enrichir, avec notamment l'absence d'EA et de Square Enix, incontournable pour le marché japonais: l’avenir s’assombrit pour la Dreamcast. Mais surtout, la concurrence s’organise. Sony n’entend pas se faire voler la vedette longtemps. Le rival lance à grand renfort de communication et frappes marketing sa Playstation 2.

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Dès le printemps 1999, Sony dévoile sa future console, alors que le monde se languit de voir débarquer la Dreamcast. La firme de Tokyo promet une machine puissante, capable de retranscrire des émotions et d’afficher des graphismes encore plus fous, plus détaillés. Et surtout, la PS2 supportera la rétrocompatibilité avec les centaines de jeux PS1. Les finances de Sega sont dans le rouge, car la Dreamcast ne se vend pas assez pour être rentable.

L’arrivée de la PS2, puis les annonces de celles de la Gamecube de Nintendo et de la console Xbox de Microsoft en 2001 viennent planter les derniers clous dans le cercueil de Sega. La production de la Dreamcast, dernière console de Sega s’arrête en mars 2001. Son baroud d’honneur restera malgré tout dans les esprits. Y compris de ceux qui n’y ont jamais goûté, tant ses jeux étaient marquants.

Melinda Davan-Soulas