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Comment un agent chinois a utilisé LinkedIn pour espionner des cibles aux Etats-Unis

Un agent chinois a utilisé LinkedIn pour trouver des cibles aux Etats-Unis

Un agent chinois a utilisé LinkedIn pour trouver des cibles aux Etats-Unis - AFP

Un Singapourien de 39 ans risque dix ans de prison pour avoir espionné des citoyens américains pour le compte de la Chine. Il utilisait LinkedIn pour trouver ses victimes.

Comment un doctorant singapourien qui faisait une thèse sur les techniques d'influence de la Chine en matière de politique étrangère a-t-il pu devenir un agent pour ce même pays?

Jun Wei Yeo était promis à un bel avenir, après un cursus universitaire brillant à la Lee Kuan Yew School of Public Policy (LKYSPP) de Singapour, qui forme certains des plus hauts fonctionnaires et responsables gouvernementaux d'Asie. Poursuivi par la justice américaine, l'homme de 39 ans a plaidé coupable et risque désormais 10 ans de prison pour espionnage pour une puissance étrangère, raconte la BBC.

En 2015, celui qui est aussi connu sous le nom de Dickson Yeo, est invité à Pékin pour présenter ses recherches de doctorat devant des universitaires chinois. Après la conférence, plusieurs personnes qui se présentent comme des membres de "groupes de réflexion chinois" lui proposent une rémunération en échange d'informations politiques.

Le doctorant comprend rapidement qu'il s'agit d'agents des services de renseignement chinois et décide de travailler pour eux. Dans un premier temps, on lui demande de se concentrer sur des pays de l'Asie du Sud-Est, avant de lui réclamer des informations sur les Etats-Unis. Plus précisément, sur le ministère du commerce, sur le domaine de l'intelligence artificielle et sur la guerre commerciale sino-américaine.

LinkedIn, la mine d'or

Jun Wei Yeo ou Dickson Yeo va alors se servir de LinkedIn, une plateforme utilisée par plus de 700 millions de personnes, pour glaner des informations. Car sur le site, d'anciens proches du gouvernement ou de l'armée n'hésitent pas à détailler leurs antécédents professionnels pour se reconvertir dans le privé et séduire de potentiels employeurs. Une mine d'or pour l'agent chinois.

A noter, en Chine, LinkedIn (propriété de Microsoft), est l'un des seul réseau social étranger à ne pas être bloqué. L'agent chinois l'a utilisé pour recruter des sources, chargées de rédiger des rapports pour son faux cabinet de conseil. Rapports qui ont ensuite été transmis à ses contacts chinois.

La plupart des cibles avaient des problèmes d'argent ou n'étaient pas satisfaites de leur travail et disent qu'elles n'étaient pas au courant que Jun Wei Yeo travaillait pour la Chine. Pour trouver d'autres profils, il a aussi diffusé de fausses offres d'emploi, lui permettant de recevoir plus de 400 CV, dont 90% provenaient de "personnel militaire et gouvernemental américain ayant une habilitation de sécurité", a-t-il déclaré aux enquêteurs.

LinkedIn indiquait déjà en 2019 être conscient du problème. Le réseau social serait même un vrai nid d'espions. Entre janvier et juin de cette même année, l'entreprise assurait avoir bloqué plus de 20 millions de faux comptes.

https://twitter.com/Pauline_Dum Pauline Dumonteil Journaliste BFM Tech