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Comment la nouvelle carte d'identité doit permettre aux Français d'utiliser une "identité numérique"

La nouvelle carte d'identité biométrique.

La nouvelle carte d'identité biométrique. - Ministère de l'Intérieur

De la taille d'une carte bancaire et biométrique, la nouvelle carte d'identité dévoilée début mars ne se prête pas encore à l'identité numérique, sur laquelle planche pourtant l’État depuis 2018. Mais cela devrait être le cas dans un second temps.

Elle a été officialisée cette semaine pour un lancement généralisé à l'ensemble du territoire français le 2 août. La nouvelle carte d'identité, électronique en raison de la puce infalsifiable qu'elle intègre, promet d'être plus sécurisée que la carte actuellement en circulation, et de mieux contrer l'usurpation d'identité. Y seront consignées la photo du visage et les empreintes digitales de ses détenteurs.

À terme, ce nouveau document d'identité est voué à servir de support pour accéder à des services publics ou privés exigeant une identification robuste en ligne, et ouvrir ainsi la voie à une identité numérique régalienne, sur laquelle planche le ministère de l'intérieur depuis 2018. Ce volet devait être intégré à la nouvelle carte dès son lancement, mais a en fin de compte été totalement occulté.

S'identifier en ligne

Le déploiement de cette identité numérique reste actuellement en suspens, sans qu'aucun calendrier ait été définitivement fixé. Les Echos y voient le fruit de l'indécision de l'Etat sur la forme que cette identité numérique pourrait prendre. Sur le papier, les professionnels du numérique comptaient à l'origine sur la nouvelle carte d'identité pour proposer aux Français une solution simple à même de leur permettre d'accéder, sous leurs vrais noms, à des sites Web et services en ligne, notamment bancaires.

"Un appel d'offres a été lancé en sens en août dernier pour le développement d'un système de gestion de l'identité numérique (SGIN)", rappelle Marc Norlain, le fondateur d'AriadNext, une entreprise française spécialisée dans les solutions de vérification d'identité. "Mais son résultat n'est pas encore connu". D'ici-là, la nouvelle carte ne laisse pas augurer davantage d'usages pour ses utilisateurs qu'un simple passeport.

La nouvelle carte d'identité biométrique.
La nouvelle carte d'identité biométrique. © Ministère de l'intérieur

Le smartphone pour stocker son identité

Qu'attendre de cette identité numérique? Dans un rapport publié sur le sujet, le député Jean-Michel Mis soulignait qu'elle constituerait un moyen de "permettre au citoyen de disposer dans l’espace numérique d'un moyen de justifier de son identité pour sécuriser ses interactions avec les administrations et les fournisseurs de services".

Deux visions s'affrontent encore, et depuis de longs mois, au sein de l'administration. La première implique que les sites Web paient soit le service public France Connect - qui compte près de 21 millions d'utilisateurs, soit des acteurs privés, pour que les Français puissent s'authentifier sur leurs services à partir de l'identité numérique de leur carte. "La carte comporterait alors une puce dite multiapplicative, et nécessiterait une mise à jour pour basculer vers l'identité numérique", explique Marc Norlain.

Autre piste envisagée: associer son titre d'identité biométrique à un smartphone, pour stocker cette identité numérique sur l'appareil en lui-même. Les informations d'identité pourraient être collectées en NFC, une technologie de communication sans fil à courte portée et à haute fréquence, déjà utilisée pour le paiement sans contact. Cette piste viendrait remédier à une zone d'ombre de la nouvelle carte biométrique: sa durée de validité de dix ans, une éternité dans le monde de la sécurité informatique.

L'intérêt d'une telle identité numérique? "Une grande simplification administrative", estime Marc Norlain. "De manière générale, l'identité numérique peut être comparée à une cure amaigrissante sur la quantité de données transmises. Concrètement, elle peut par exemple permettre de créer un compte en ligne à partir de son identifiant, sans avoir besoin de fournir les documents usuels, dont un justificatif de domicile, pour pouvoir être identifié."

Surtout, le recours à cette méthode permettrait d'autoriser les services en ligne concernés à aller piocher des données au sujet d'un internaute sur d'autres sites sur lesquels il s'est identifié par ce biais, pour lui épargner un fastidieux envoi de documents, explique également Marc Norlain.

La carte biométrique n'est pour l'heure pas obligatoire. Elle est vouée à coexister une dizaine d'années avec la carte d'identité telle que nous la connaissons, qui ne sera plus valable à partir du 3 août 2031.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech