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Applis de notation: le Sénat veut rendre Yuka et ses concurrents plus transparents

Un utilisateur de l'application Yuka scanne un aliment dans un supermarché parisien, le 25 novembre 2020

Un utilisateur de l'application Yuka scanne un aliment dans un supermarché parisien, le 25 novembre 2020 - ALAIN JOCARD © 2019 AFP

La commission des affaires économiques du Sénat propose d'établir une certification et un guide de bonnes pratiques pour encadrer la prolifération des appli de notations de produits.

Labels en tous genre, nutri-score, origine… Trop d’infos tuent l’info? Pour améliorer la transparence et l'information du consommateur, la commission des affaires économiques du Sénat a rendu son rapport le 29 juin.

Au-delà des dispositions générales, comme le renforcement des moyens de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et des associations de consommateurs, le rapport consacre un volet numérique.

“L’illisibilité des étiquettes, la complexité des informations, les scandales (sanitaires et environnementaux) et les pratiques trompeuses contribuent à brouiller l’information, limitant son impact sur les choix de consommation” plus favorables à la santé des consommateurs ou à l’environnement, justifie la commission, composée entre autres de Fabien Gay (PCF), Françoise Férat (Modem) et Florence Blatrix Contat (PS).

Certifier les applis de notation

En ligne de mire: la prolifération des applications de notation des produits, comme Yuka. Selon le rapport, 25% des consommateurs français utilisent une telle appli pour faire leurs courses et leur impact n'est plus à démontrer.

"92% des utilisateurs de Yuka reposeraient le produit lorsqu’il est mal noté, et plusieurs centaines de produits ont déjà vu leur recette modifiée par le fabricant afin d’obtenir une meilleure évaluation”, souligne le rapport.

D'où l'importance d'améliorer la transparence de leurs critères d’évaluation. La commission appelle ainsi à instaurer une certification publique. "Cela permettrait d’attester de la pertinence scientifique des critères et de leur pondération, ainsi que de la fiabilité des bases de données utilisées", détaille le rapport.

"Le but n’est pas de freiner ces applications mais de dire que, tout d’abord, nous voulons de la transparence sur les algorithmes. [...] Ce que nous proposons, c’est une certification par les pouvoirs publics qui pourrait attester que telle ou telle application respecte bien un cahier des charges qu’il faudrait définir" résume Fabien Gay, auprès de 60 Millions de consommateurs.

Un guide de bonnes pratiques

Elle propose également l'élaboration d'un guide des bonnes pratiques pour encadrer le développement des applis. Une dizaine de recommandations sont déjà formulées.

Parmi celles-ci, instaurer "un onglet 'réponse du fabricant' sur l’interface utilisateur en cas de notation contestée pour qu’il puisse présenter ses contre-arguments" et indiquer "l’ensemble des labels publics sur la qualité et l'origine du produit (Label rouge, AB, AOP/AOC, etc)".

Les sénateurs souhaient par ailleurs envoyer une notification à l’utilisateur "lorsqu’un produit anciennement scanné a vu sa note évoluer suite à une modification de sa composition" ou encore, "l'informer plus clairement sur la pondération des critères d’évaluation d’un produit (par exemple: 60% Nutri-Score, 30% additifs, 10% bio)".

Personnaliser l'info grâce au QR Code

Au-delà des applications, le rapport veut inciter le développement de la dématérialisation des informations via des QR codes. Le constat: si les consommateurs recherchent davantage de renseignements pour orienter leurs achats, tous ne cherchent pas les mêmes infos.

Les QR codes "permettront une information "à la carte", plus proche des attentes du consommateur", estime le rapport.

Et de poursuivre: "les emballages seront moins saturés d’informations facultatives et celles accessibles pourront être beaucoup plus variées, personnalisées, et détaillées", note la commission.

Le QR Code pourra aussi être un atout précieux pour améliorer la traçabilité des produits.

"D’ici quelques années, les QR codes remplaceront certainement les codes-barres, permettant ainsi de mieux assurer la traçabilité des produits, souligne le rapport. Certains grands distributeurs internationaux ont déjà annoncé exiger des marques une telle évolution d’ici 2027: il est donc primordial que les fabricants prennent ce virage" estiment les élus.

Anaïs Cherif