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Sommé de s'expliquer sur des déclarations, Musk pretend être victime de deepfakes

Au coeur d'un procès intenté par la famille d'une victime d'accident de la route, le patron de Tesla affirme que des déclarations publiques lui sont attribuées par erreur.

Poursuivi par la famille d'un homme mort à la suite d'un accident de la route en 2018, Elon Musk, en sa qualité de patron de l'entreprise Tesla, s'est expliqué devant la justice californienne le mercredi 26 avril, relaye l'agence de presse Reuters.

La victime conduisait une Tesla lorsque l'accident est survenu. Dès lors, deux discours se sont mis en place: celui de la famille, arguant un défaut du logiciel de conduite autonome spécifique aux Tesla, et celui du constructeur, qui affirme que l'homme n'aurait pas respecté les règles de sécurité en jouant à un jeu vidéo sur son smartphone au moment des faits.

Déclaration contestée

La famille de la victime s'appuie notamment sur une déclaration faite par Musk en 2016: "Un modèle S et un modèle X (deux modèles de Tesla), à ce stade, peuvent conduire de façon autonome et en étant plus sûres qu'un être humain. Dès maintenant".

Une déclaration qui ne manque pas de poids dans le procès, excepté si on discute de son origine. C'est justement la stratégie employée par les avocats de Tesla, qui l'ont attribuée à un deepfake, une fausse vidéo montée de toutes pièces pour imiter une personne -généralement connue.

"Comme de nombreuses personnalités publiques, [Elon Musk] est l'objet d'un grand nombre de deepfake, des vidéos et des enregistrements audios créés dans le but de lui attribuer des choses qu'il n'a jamais dites ou faites", s'est défendu l'entreprise Tesla.

Difficile à nier

Ils affirment également que leur client "n'a aucun souvenir d'avoir tenu de tels propos". Toutefois, comme le relève Numerama, l'origine de cette déclaration est aisément traçable: on peut même en retrouver la vidéo sur YouTube. Elon Musk l'a prononcée publiquement à l'occasion d'une conférence s'étant tenue en 2016. Comme le précise Numerama, outre le fait que le moment ait été filmé dans un lieu public, la technologie des deepfakes ne permettait pas, à l'époque, de proposer un résultat aussi indiscernable.

Si la stratégie des avocats de Tesla parait bancale, elle a tout de même mis en lumière les craintes liées à l'utilisation de ces outils numériques. Des arguments qui ont d'ailleurs été jugés "profondément troublants" par la juge californienne Evette Pennypacker, en charge de l'affaire.

"Leur position consiste à affirmer qu'en raison de la célébrité d'Elon Musk et son exposition potentielle aux deepfakes, ses déclarations publiques sont intouchables", a-t-elle constaté. Elle a également ajouté que de tels arguments pouvaient, à terme, autoriser Elon Musk et d'autres personnalités publiques à "se dédouaner de toutes responsabilités sur ce qu'ils font et disent".

Ces dernières années, la plupart des deepfakes ayant défrayé la chronique se sont révélés être des armes utiles de désinformation et de diffamation. C'est l'une des premières fois, en revanche, que ce format est utilisé pour protéger quelqu'un de la sorte.

Victoria Beurnez