Tech&Co
Réseaux sociaux

Cyberharcèlement envers une députée: des peines de prison requises contre des militants "antivax"

Le parquet a requis des peines allant de 4 à 8 mois de prison pour dix militants "antivax", pour des faits de cyberharcèlement survenus lors de la pandémie en 2021.

"La violence numérique est une violence réelle": des peines de quatre à huit mois de prison avec sursis ont été requises, lundi 9 octobre, à Paris à l'encontre de dix militants "antivax", jugés pour cyberharcèlement envers deux parlementaires et un médecin durant la pandémie en 2021.

Quatre mois de prison ferme ont en outre été requis à l'encontre d'un onzième prévenu, déjà condamné en 2016.

Devant le tribunal correctionnel de Paris, la procureure de la République a requis huit mois avec sursis à l'encontre de cinq prévenus, assortis d'un stage de citoyenneté et de 1.000 euros d'amende, et quatre mois avec sursis pour cinq autres, avec ce même stage.

Des faits "répétés" et "organisés"

La magistrate, Marion Adam, a souligné le caractère "répété", "collectif" et "organisé" des faits reprochés, et les réquisitions ont été adaptées au regard, notamment, du degré de responsabilité des prévenus et du nombre de raids numériques auxquels ils ont participé.

Ces sept femmes et quatre hommes, de tous âges et horizons, ont comparu pour harcèlement moral après avoir participé à des raids numériques envers la députée Horizons de Moselle Isabelle Rauch (ex-LREM), la sénatrice PS Nicole Bonnefoy (Charente) et le médecin au CHU d'Amiens-Picardie Michel Slama, au printemps et à l'été 2021.

Tous échangeaient à l'époque sur le canal Telegram des "V_V", un groupe d'antivaccins né en Italie et réunissant des centaines de sympathisants en France.

Des publications sur les réseaux sociaux, souvent favorables à la vaccination contre le Covid-19, leur étaient relayées, accompagnées de messages de haine à "copier-coller" dans les commentaires, comme l'ont relaté les prévenus durant le procès.

"Complices d'un crime contre l'humanité", "collabos d'un système nazi", "psychopathes pronazis" sont autant de réactions (des milliers) qui avaient ainsi été adressées aux victimes. Elles avaient valu à Isabelle Rauch une ITT de dix jours.

Malveillance organisée

"Le contenu est malveillant, la méthode est malveillante, l'objectif est malveillant", a estimé la procureure de la République, arguant que "la violence numérique est une violence réelle".

Au cours du procès, la grande majorité des prévenus ont reconnu les faits et exprimé des regrets. Ils ont cependant nié toute volonté de nuire personnellement aux victimes, argument que la défense a à nouveau mis en avant, ce lundi 9 octobre.

Maître Hugo Yokoyama a également plaidé l'état de "sidération, d'angoisse et de détresse" dans lequel la pandémie avait plongé les prévenus. Une "situation irrationnelle" ayant conduit à une "réaction irrationnelle".

Côté parties civiles, l'avocat de Nicole Bonnefoy, Me Rachid Rahmani, a fustigé une "lapidation numérique", tandis que Maître Noémie Tordjman, avocate du professeur Slama, a dénoncé une atteinte à la liberté d'expression : "On les a noyés de commentaires dans le but de les faire taire".

Victoria Beurnez avec AFP