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Etats-Unis: l'historique des recherches Google utilisé pour identifier les auteurs d'un incendie

La justice a déterminé que la police était en droit de demander à Google des informations sur l'historique de recherches de potentiels suspects.

C'est une première dans la justice numérique. La Cour suprême du Colorado, aux États-Unis, a jugé que la police avait été en droit de demander au moteur de recherche Google une liste de personnes ayant recherché certains mots-clés, dans le cadre d'une enquête criminelle, rapporte Bloomberg.

En 2020, à Denver, un incendie criminel a fait cinq morts. La police locale ne parvenant pas à identifier de potentiels suspects, ils décident de solliciter Alphabet, la maison-mère du moteur de recherche Google, afin que ce dernier leur fournisse une liste de personnes ayant recherché des mots-clés spécifiques.

Recherche inversée

La liste en question leur a permis d'identifier plusieurs suspects, dont trois ont été arrêtés. L'un d'entre eux avait notamment recherché 14 fois l'adresse du domicile incendié dans les jours qui ont précédé l'incendie. Son avocat avait alors contesté la légalité d'une telle preuve, sur laquelle la Cour suprême du Colorado a été appelée à rendre sa décision.

Cette dernière a rendu un document de 74 pages, dans lequel elle conclut que la police a agi "en bonne foi" en utilisant un mandat pour chercher dans l'historique des recherches en ligne. Elle tempère toutefois en indiquant que ces conclusions ne concernent que "ce cas particulier", afin que ce type de coopération avec Google ne devienne pas systématique dans les enquêtes de police.

"Problèmes dystopiques"

"Notre constat de 'bonne foi' n'encourage ni ne condamne de tels mandats à l'avenir", a affirmé la Cour.

"Si des problèmes dystopiques émergent, comme certains le craignent, les tribunaux sont prêts à entendre les arguments sur la manière dont nous devons gérer l'utilisation, par les forces de l'ordre, d'une technologie en évolution rapide", a écrit la Cour suprême du Colorado.

Des représentants de la justice, qui se sont exprimés auprès de Bloomberg, indiquent en effet leur crainte que ce type de recherches ne soient utilisées comme des raccourcis dans les enquêtes.

Ils mentionnent notamment des inquiétudes quant à la vie privée des utilisateurs, en raison de la nature très personnelle de l'historique des recherches en ligne d'une personne.

Victoria Beurnez