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Yves, otage des braqueurs: "Ils m'ont dit 'Si tu fais pas l'con, t'auras rien' "

Yves, 64 ans, a été pris en otage durant plus d'une heure trente mardi soir dans son salon de coiffure.

Yves, 64 ans, a été pris en otage durant plus d'une heure trente mardi soir dans son salon de coiffure. - BFMTV

Le gérant d'un salon d'établissement pris en otage par deux braqueurs de bijouterie durant plus d'1h30 mardi soir a pu s'en sortir sain et sauf. Il témoigne de son expérience sur BFMTV.

Il est 18h50, et Yves est seul dans son salon de coiffure parisien, ce mardi soir. Les employés sont déjà partis, comme les clients. Soudain, la porte s'ouvre à la volée, et deux hommes lourdement armés, dont l'un blessé, pénètrent en trombe et prennent le gérant de 64 ans en otage. Ils viennent de braquer une bijouterie Cartier du 8e arrondissement, et ont été pris en chasse par la police.

La prise d'otage va durer un peu plus d'une heure et se terminer par la reddition des deux malfaiteurs, âgés de 23 et 30 ans, et connus très défavorablement de la police. Yves, sorti sain et sauf de cette épreuve, raconte à BFMTV cette soirée durant laquelle il a frôlé la mort.

Quand ils voient les deux hommes armés débarquer dans son salon, Yves ne pense pas immédiatement à des malfaiteurs. "J'ai vu le fusil et le pistolet, j'ai cru que c'était des policiers au départ! Mais j'ai vite compris quand ils ont commencé à hurler "Ta gueule", "Vieux con", etc..."

"Tu sais faire un garrot, papi?"

Le gérant de l'établissement se retrouve avec un pistolet sur la tempe. "Ils m'ont dit: "Si tu fais pas l'con, t'auras rien..." Ils étaient très surexcités et énervés". Au bout de quelques minutes, Yves se décide à parlementer avec eux. "Je leur ai dit: "Ecoutez, je vais avoir 65 ans le 22 décembre, j'arrive en retraite, je ne voudrais pas terminer avec une balle dans la tête! Et puis j'aimerais bien qu'on ne me tutoie pas, vu mon âge."" Quelques minutes après, les malfaiteurs changent de ton, et se mettent à appeler Yves par le sobriquet "papi". Rassuré, le coiffeur propose alors son aide pour soigner le bras de l'un des deux malfaiteurs, blessé par balle au coude durant la course-poursuite peu avant. "Je lui ai dit qu'il ne pouvait pas rester comme ça car il allait perdre tout son sang."

S'ensuit alors un échange digne de séries télévisées de gangsters. "- Si vous voulez bien, je vais vous faire un garrot." "- Tu sais faire un garrot, papi?" "-Oui, oui, je sais faire." Yves se met alors à la tâche, toujours sous la menace d'une arme. "C'était aussi une façon d'occuper le temps, car ils étaient très énervés", témoigne Yves. Une perte de sang-froid due au fait qu'ils n'avaient tous deux rien de professionnels, selon les enquêteurs.

Les minutes s'égrènent, tandis qu'un négociateur rentre en contact avec eux, et qu'une centaine de policiers sont mobilisés à l'extérieur. Yves décide alors de tenter sa chance. "On entendait l'hélicoptère tourner au-dessus de nous. Je les ai prévenus: "On va pouvoir rester là trois heures, douze heures, quarante-huit heures, mais ils savent que vous êtes là et ils ne vous lâcheront pas. Il vaut mieux vous rendre."" L'un des deux jeunes hommes commence alors à céder et à évoquer l'idée de se rendre. "J'ai insisté en lui disant que si son copain ne se faisait pas opérer rapidement, il pourrait perdre l'usage de ses doigts. Il devait souffrir le gars..."

Alexandra Gonzalez I vidéo: Kelly Laffin, Régis Desconclois