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WikiLeaks dévoile les liens entre juges français et Washington

WikiLeaks révèle les liens entre des juges antiterroristes français et l'ambassade des Etats-Unis à Paris, qui a eu connaissance des résultats d'enquêtes en principe couvertes par le secret de l'instruction. /Photo prise le 28 novembre 2010/REUTERS/Gary H

WikiLeaks révèle les liens entre des juges antiterroristes français et l'ambassade des Etats-Unis à Paris, qui a eu connaissance des résultats d'enquêtes en principe couvertes par le secret de l'instruction. /Photo prise le 28 novembre 2010/REUTERS/Gary H - -

WikiLeaks révèle les liens entre des juges antiterroristes français et l'ambassade des Etats-Unis à Paris, qui a eu connaissance des résultats d'enquêtes en principe couvertes par le secret de l'instruction.

Ces documents publiés mercredi par Le Monde risquent de conforter les critiques des avocats et des associations de défense des droits de l'homme, qui accusent ces juges de ne pas agir comme des magistrats indépendants, mais comme une branche du pouvoir politique et du renseignement.

Une note du 24 janvier 2005 obtenue par WikiLeaks évoque ainsi un déjeuner de Jean-Louis Bruguière à l'ambassade des Etats-Unis durant lequel il a "évoqué un certain nombre d'enquêtes en cours qu'il conduit", ce qui est en principe illégal puisque le magistrat est tenu au secret.

Un autre document évoque une visite de Jean-François Ricard, autre magistrat antiterroriste, à l'ambassade des Etats-Unis en 2003 pour évoquer une enquête en cours sur le recrutement en France de combattants islamistes pour l'Irak.

Jean-François Ricard, selon les documents évoqués par Le Monde, a en outre expliqué aux diplomates américains avant la présidentielle de 2007 que Jean-Louis Bruguière recherchait "un poste dans la future administration Sarkozy".

Jean-Louis Bruguière, selon d'autres documents, a expliqué ensuite lui-même qu'il voulait être ministre de la Justice. Il s'est présenté comme candidat pour l'UMP aux législatives de 2007 mais a dû renoncer à ses ambitions après sa défaite.

Jean-Louis Bruguière a ensuite été nommé par les Etats-Unis et l'Union européenne à un poste international chargé de vérifier l'utilisation du réseau de transfert international bancaire Swift dans la lutte antiterroriste.

Les juges antiterroristes français, relève une autre note diplomatique américaine, "opèrent dans un autre monde que celui du reste de la justice".

Les Etats-Unis font état de leur admiration pour le système français et l'incrimination "d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", où les critères de preuve sont "bien plus faibles que dans les autres affaires criminelles".

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse