BFMTV
Société

Vos supermarchés vides à Noël ?

-

- - -

A quelques jours des fêtes de fin d'année, les transporteurs routiers appellent à une grève illimitée. Résultat, les rayons des grandes surfaces pourraient manquer de certains produits.

Les syndicats du transport routier appellent les 500 000 salariés du secteur à la grève. Coup d'envoi prévu le dimanche 13 décembre à 21h30. L'appel est signé de 5 syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGC et CFTC) qui préparent le blocage des plateformes logistiques de la grande distribution. Les rayons des supermarchés pourraient donc être vides à Noël.

« Un mauvais coup joué aux consommateurs »

Les syndicats réclament des hausses de salaires, les premières depuis deux ans : 4% pour toute la grille salariale et 3% d'augmentation pour les frais de déplacement. Bien sûr, si d'ici là des négociations aboutissent, il n'y aura pas grève. Mais du côté des syndicats, on craint le pire... Une grève des transporteurs routiers, ce serait « une catastrophe », selon Jean-Paul Meronneinc, délégué général de l'Union nationale du Transport frigorifique (UNTF), qui représente 200 transporteurs et 40 000 poids lourds. « La plupart des produits frais fonctionnement en flux tendus, souligne-t-il. On n'a pas de possibilité de stockage. Donc tout produit qui n'est pas réceptionné est forcément perdu. C'est un mauvais coup joué aux consommateurs et à la filière agroalimentaire. Certaines filières, comme le foie gras, les huîtres, la dinde, les buches glacées... sont dépendantes à 70-75% des flux. Et le premier trimestre a été catastrophique ; le deuxième, médiocre ; on avait une petite éclaircie depuis la rentrée. Mais ça peut être dramatique... »

« On ne peut pas résister à une telle pression »

Jean-Pierre Suire préside le groupement qualité Huîtres de Marennes Oléron, dont le bassin fournit 50 000 des 110 000 tonnes d'huîtres produites annuellement en France. Inquiet, il rappelle que les ostréiculteurs n'ont « pas d'autre solution pour faire acheminer [leurs] huîtres, que d'utiliser les services des routiers. S'il est avéré que les routiers bloquent les centrales d'achat, ajoute-t-il, pour nous, c'est un coup fatal, c'est sûr. On ne peut pas résister à une pression comme celle-ci. »

« On aurait pu bloquer les routes, mais... »

Persuadé que le blocage des grandes surfaces est la solution, Maxime Dumont, secrétaire général de l'union fédérale CFDT transports, principal syndicat du secteur, explique : « il y avait un autre moyen, ça aurait été de faire comme on a fait en 1996 et 1997, bloquer les routes, les autoroutes et les raffineries. Mais ce n'est pas ce qu'on a choisi, notamment pour les salariés, parce qu'on considère qu'ils ne sont pas les responsables de ça. Par contre, il faut bien, à un moment donné, qu'on bloque les gens qui font notre travail à nous. A force de nous dire, c'est pas bien de faire grève sur ça, ou ça... il va nous rester quoi ? Dire simplement "nous pas contents", avec des pancartes ? Non ! »

Se voulant rassurant, le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, qui recevra les patrons des transporteurs et les syndicats d'ici la semaine prochaine et espère trouver avec eux « une solution de bon sens », a déclaré : « Il n'est pas question de faire une grève pendant la période des vacances de Noël au moment où chacun fait ses achats. L'économie française n'a pas besoin de cet accident supplémentaire ».

La rédaction, avec Pierre Viaud