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Vos enfants passent trop de temps sur leur tablette? Ils pourraient être l'avenir de la cybersécurité

Une vue d'ensemble de la salle des opérations du GCHQ, le 17 novembre 2015 à Cheltenham.

Une vue d'ensemble de la salle des opérations du GCHQ, le 17 novembre 2015 à Cheltenham. - Ben Birchall - pool - AFP

Comme plusieurs pays d'Europe, le Royaume-Uni subit une pénurie d'experts en sécurité informatique. Pour un ancien directeur des renseignements britanniques, il faudrait arrêter de culpabiliser les enfants qui découvrent Internet.

Votre enfant ne veut pas lâcher sa tablette avant le dîner? Votre ado ne quitte pas son smartphone des yeux, à part pour dormir? Ne vous énervez pas trop vite, ils pourraient aider à pallier le manque d'experts en cybersécurité qui sévit en ce moment. 

C'est même Robert Hannigan, patron du service de renseignements électroniques du gouvernement britannique (GCHQ) de 2014 à début 2017, qui le dit dans une tribune publiée dans le Telegraph

"La croyance que le temps passé en ligne ou devant un écran est du temps perdu doit changer. Elle est poussée par la peur", critique-t-il. S'il reconnaît des "peurs rationnelles" par rapport à la vie que les enfants mènent en ligne, il incite les parents à ne pas trop les couver. 

"Nous avons besoin de jeunes gens qui explorent ce monde numérique de la même manière qu'ils explorent le monde physique. Nous nous soucions d'être surprotecteurs quand ils quittent la maison; nous devons avoir le même débat sur l'équilibre à avoir par rapport aux risques sur Internet", enjoint-il. 

"Notre pays a désespérément besoin d'informaticiens"

"Notre pays a désespérément besoin d'ingénieurs et d'informaticiens", explique Robert Hannigan, qui dénonce ici un problème qui concerne plusieurs pays européens, dont la France. "Si nous anticipons l'explosion des données qui va survenir avec l'Internet des objets, et l'arrivée de l'intelligence artificielle et du machine learning, nous avons besoin de jeunes gens qu'on a laissés se comporter comme des ingénieurs: en explorant, en cassant des choses et en les reconstruisant."

Cette incapacité à avoir créé un "état d'esprit curieux, enclin à l'ingénierie" chez les professionnels actuellement en activité s'illustre notamment pour lui par la faible proportion de femmes dans le milieu.

"Selon l'Institute of Engineering and Technology, seulement 9% de nos diplômés en ingénierie sont des femmes. En Allemagne, c'est la moitié de ce chiffre, et un quart au Danemark. En clair, la moitié de la population n'est pas incitée à voir cette voie comme excitante et accessible", dénonce-t-il. 

La solution? Pour Robert Hannigan, il faut moins se concentrer sur le temps passé sur Internet que sur la nature des activités qui y sont menées. "La clé, c'est que ce soit moins de l'observation passive, et plus de la découverte active, quel qu'en soit le contenu ou comment cela marche", préconise-t-il. 

Et pourquoi pas accompagner les enfants dans cette démarche? L'expert conseille aux parents de ne pas se laisser dépasser et, pourquoi pas, progresser en même temps que leur progéniture, par exemple en apprenant le code. 

Liv Audigane