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Société

Violences conjugales: les associations dénoncent un manque de moyens financiers au Grenelle

Les associations féministes présentes lors de la première journée du Grenelle contre les violences conjugales, ce mardi, ont dénoncé un manque cruel de moyens financiers alloués à leur combat.

"On est venues, on a vu, on est déçues". La célèbre expression latine employée par Jules César a été parodiée, ce mardi, par le collectif #NousToutes, sur Twitter, après les annonces d'Édouard Philippe à l'occasion de l'ouverture du Grenelle contre les violences conjugales.

Les dix mesures d'urgence présentées par le Premier ministre, parmi lesquelles la création de 1000 nouvelles places d'hébergement et de logements temporaires à partir du 1er janvier 2020, ne suffisent pas aux yeux de nombreuses associations féministes. Le manque de moyens financiers alloués dans la lutte contre les violences conjugales est en particulier pointé du doigt. 

"Je ne me place pas sur ce terrain"

La militante féministe Caroline de Haas, membre du collectif #NousToutes, rapporte ainsi que le Premier ministre n'a pas voulu annoncer des moyens financiers indiquant ne pas vouloir "se plac[er] sur ce terrain". "Une politique sans moyens. Un nouveau concept", lance-t-elle ironiquement sur Twitter.

Sur notre antenne, Anaïs Leleux, membre du comité de pilotage du collectif #NousToutes, affirme que les annonces ne sont "absolument pas à la hauteur" et déplore également le manque de financement: 

"Edouard Philippe revient sur la question du financement en disant que c'est secondaire. Mais où a-t-on vu des politiques publiques efficaces financées sans argent? On nous a annoncé il y a quelques jours la création d'un fond d'un million d'euros. Un million, je le rappelle, c'est la somme que distribuent très souvent les conseils régionaux pour réparer la toiture d'un lycée. On ne peut pas prétendre lutter efficacement contre les violences faites aux femmes et aux enfants avec si peu d'argent".

"Un empilement de mesures"

Au cours de son discours, Edouard Philippe a également précisé que 5 millions d'euros allaient être mobilisés pour la création des 1000 nouvelles places d'hébergement et de logements temporaires. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, espère qu'un "plan plus ambitieux" sera présenté à la fin du Grenelle, le 25 novembre prochain, concernant le nombre de places d'hébergement.

"Nous demandions 500 millions d'euros, là on nous parle seulement de 5 millions pour les places d’hébergement. Parmi ces places, 250 sont en centres d’hébergement d’urgence non spécialisés et sont prévues pour 2020. Que se passe-t-il entre temps?", souligne-t-elle auprès de la journaliste du magazine Causette Anna Cuxac. 

Autre annonce qui n'a pas obtenu les faveurs de certaines associations présentes au Grenelle, le lancement d'un audit dans les commissariats pour détecter les dysfonctionnements qui existent dans le cadre de l'accueil des femmes victimes de violences conjugales.

Selon Caroline de Haas, "on n'a pas besoin d'un audit pour savoir que l'accueil est déficient dans bon nombre de commissariats, ou en tout cas insuffisant. On a besoin de former les professionnels à accueillir les femmes victimes de violences"

Si certaines mesures ont été louées, comme le fait que l'autorité parentale pourra être dorénavant suspendue de plein droit en cas de féminicide, les associations féministes semblent en attendre plus du gouvernement. Tout comme certains membres du corps judiciaire. L'ancien procureur de la République de Douai Luc Frémiot juge ainsi auprès de France Bleu que les "moyens évoqués [lors du Grenelle] sont risibles".

Si le Grenelle n'est pas encore fini, et que de nouvelles annonces pourraient encore être faites, #NousToutes résume finalement sur Twitter que cette première journée a été "un empilement de mesures, certaines positives, mais très largement insuffisantes". 

Clément Boutin