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Violences, bateau "pourri"... Des marins coincés depuis plusieurs jours au large de l'île de Groix

L'île de Groix, au large de Lorient. (Photo d'illustration)

L'île de Groix, au large de Lorient. (Photo d'illustration) - Damien Meyer - AFP

Trois marins ont alerté les côtes françaises sur des conditions de vie "épouvantables" alors qu'ils sont bloqués dans un navire de pavillon tanzanien.

Une situation inquiétante. Neuf marins de différentes nationalités sont coincés à bord d'un ancien brise-glace au large de l'île de Groix, dans le Morbihan, depuis ce vendredi 1er décembre, rapportent plusieurs médias locaux.

Le navire, nommé Blue Sky III et qui bat pavillon tanzanien, est parti de Rotterdam le 23 novembre dernier et se dirigeait vers Chypre lorsqu'il a subit une avarie de moteur vers les côtes bretonnes.

Trois marins géorgiens ont alors alerté les autorités françaises sur l'état du bateau et sur de mauvais traitements qu'ils subiraient à bord.

Violences, hygiène, nourriture...

Pour cet appel à l'aide, ils subiraient des représailles à bord. "Ils se sont fait frapper, ils sont insultés et là, ils sont confinés dans leur cabine parce qu'ils n'osent pas sortir", explique auprès de France Bleu Laure Tallonneau, inspectrice à la fédération internationale des travailleurs du transport (ITF)

"On a quand même des marins qui se plaignent, qui ont peur pour leur vie en restant à bord et sont dans des conditions épouvantables (...). Ils n'ont pas d'eau pour les toilettes" poursuit-elle.

"Il n'y a pas de vêtements de sécurité qui sont aux normes, il y a de l'amiante, des problèmes de machine. (...). Il y a de l'huile qui ressort des canalisations et qui va dans les lavabos, et une restriction de la nourriture", complète Laure Tallonneau.

Un bateau "pourri"

"Les marins voulaient débarquer, parce que le navire ne répond pas aux normes de sécurité, explique Laure Tallonneau. Le navire était d'ailleurs resté bloqué à Rotterdam pendant plusieurs mois pour des problèmes de sécurité. Dans un communiqué, la CGT des marins du Grand Ouest décrit un bateau en très mauvais état: "il devrait être recyclé et banni de tous les ports".

Des marins jugent que "le navire est trop dangereux pour effectuer un tel voyage", écrit le syndicat. "Ils veulent débarquer et être payés", alors que les "arriérés sont considérables car aucun salaire n’a été perçu depuis le début de leur contrat".

"La nourriture et l’eau sont restreintes pour l’équipage; les équipements de sécurité chaussures et autres sont hors d’usage" et "les odeurs d’huile et de fioul sont insupportables", décrit l’association de protection de la mer et des marins Mor-Glaz.

Selon Laure Tallonneau auprès du Huffpost, le pavillon tanzanien est "l'un des pires pavillons au monde" en matière de respect du droit international. "Il est très rare de voir des bateaux avec le pavillon de la Tanzanie en Europe tellement ils sont pourris", dénonce-t-elle.

Trois marins bientôt débarqués

Auprès du Télégramme, la Préfecture maritime de l'Atlantique assure de son côté suivre "la situation du Blue Sky III de près" mais estime qu'"il n'y a pas de caractère d'urgence ni d'élément alarmant".

Depuis, l'ITF "essaie de faire intervenir toutes les autorités maritimes mais elles considèrent que le problème n'est pas grave, que la situation n'est pas alarmante alors qu'on a quand même des marins qui se plaignent, qui ont peur pour leur vie en restant à bord et sont dans des conditions épouvantables".

D’après la préfecture maritime d’Atlantique à France Bleu, trois marins géorgiens devaient être débarqués ce lundi à Lorient, mais l’opération n’a pas été possible en raison de la météo.

Salomé Robles