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VIDEO - Nantes: manifestation monstre pour le rattachement à la Bretagne

Entre 13.000 et 30.000 partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne ont manifesté pour la "réunification" samedi à Nantes.

Entre 13.000 et 30.000 partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne ont manifesté pour la "réunification" samedi à Nantes. - Jean-Sébastien Evrard - AFP

Ce samedi s'est tenue la mobilisation la plus importante depuis le lancement du débat sur la réforme territoriale par le gouvernement, qui doit reprendre dans quelques semaines. Plus de dix mille Bretons sont descendus dans la rue pour réclamer son rattachement à la Bretagne.

"Elle sent le pâté la Bretagne?". C'est ce qu'a lancé l'écrivain breton Yann Queffélec au beau milieu du cortège, très remonté contre le gouvernement. Entre 13.000 et 30.000 partisans du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne ont manifesté pour la "réunification" samedi à Nantes, la mobilisation la plus importante depuis le lancement du débat sur la réforme territoriale par le gouvernement, qui doit reprendre dans quelques semaines.

Avec en tête plusieurs centaines de joueurs de biniou, derrière une banderole proclamant: "Nous sommes une nation", le défilé a pris fin vers 17h00 après une heure trente de manifestation bon enfant.

"Mobilisation sans précédent"

"Rendre Nantes à la Bretagne c'est pour moi une évidence, tant du point de vue historique qu'économique et culturel", explique, casquette de marin et pipe à la bouche, Serge Plenier, 57 ans, professeur de breton à Paris, "de père nantais". "On se sent moins bretons par rapport à la Bretagne, on voudrait récupérer cette identité", espère pour sa part Loreleï Carahe, 21 ans, une habitante de Nantes.

Peu avant le départ du cortège, le président de Bretagne Réunie, Jean-François Le Bihan, s'est félicité d'une "mobilisation sans précédent", revendiquant "plus de 30.000 personnes sur le site", acclamé par la foule dans une marée de "gwenn ha du", les drapeaux bretons noirs et blancs. Les forces de l'ordre ont évalué à 13.000 le nombre de manifestants en milieu d'après-midi.

"La Bretagne sera réunifiée"

"Fusion = disparition", "Réunification il y a urgence", "On est Bretons, pas ouest-ins!", "Non au grand ouest, oui à la réunification", indiquent dess affichettes. Derrière les binious, les manifestants scandent "Naoned e Breizh!", "Nantes en Bretagne" en breton.

Le chanteur Alan Stivell est là "pour défendre la Bretagne qui va disparaître" et appelle de ses voeux le "nouveau tigre celtique en Europe que serait la Bretagne" à cinq départements si la Loire-Atlantique quittait les Pays-de-la-Loire pour la rejoindre.

"Les gens sont de plus en plus mobilisés et la Bretagne sera réunifiée", affirme Christian Troadec, maire DVG de Carhaix et chef de file des bonnets rouges. De nombreux militants et panneaux brandis par les manifestants font référence au régime de Vichy qui prit en 1941 un décret séparant la Loire-Atlantique de la Bretagne, une disposition réintroduite en 1960, lors de la création des Pays de la Loire, avec la Loire-Atlantique d'un côté, et la Bretagne à quatre départements de l'autre.

"Elle sent le pâté, la Bretagne?"

"Fondre la Bretagne dans les Pays de la Loire", un des projets évoqués dans la réforme territoriale, "diluerait l'ensemble. Le numérique abolit les frontières mais (...) une vraie identité forte est super utile au moment où tout se mondialise", explique Christian Guillemot, cofondateur du groupe numérique Ubisoft, venu lui aussi manifester.

Le retour de Nantes et de la Loire-Atlantique dans la région Bretagne, "c'est la pente naturelle de l'histoire", estime l'écrivain breton Yann Queffélec. "Au moment où le Premier ministre prétend renforcer la Nation, les régions... Alors quoi, elle sent le pâté, la Bretagne ?", s'énerve-t-il.

Un concert gratuit était prévu dans la soirée après la dispersion de la manifestation. Bretagne réunie a indiqué qu'elle allait inviter les gens à mettre des drapeaux bretons "gwenn ha du" aux fenêtres à partir du 1er octobre jusqu'à la fin du débat parlementaire sur la réforme territoriale et demander aux élus d'en faire autant sur les monuments publics.

C. P. avec AFP