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VIDEO - La mort mystérieuse d'un opposant au barrage de Sivens

A Gaillac, un hommage au jeune homme décédé dégénère

A Gaillac, un hommage au jeune homme décédé dégénère - Pascal Pavani - AFP

Le corps d'un jeune homme de 21 ans a été découvert dans la nuit de samedi à dimanche sur le site du barrage contesté de Sivens dans le Tarn, où des échauffourées avaient eu lieu en marge d'une mobilisation d'opposants. Les circonstances du décès sont encore floues.

Les circonstances précises entourant le décès de Rémi, 21 ans, dans la nuit de samedi à dimanche à proximité du barrage de Sivens dans le Tarn, sont encore très floues. "L'hostilité des manifestants" a empêché "la moindre constatation technique sur le lieu où le corps a été retrouvé", a déclaré en fin d'après-midi, le procureur de la République d'Albi Claude Derens lors d'une conférence de presse. Les résultats préliminaires de l'autopsie du corps, prévue lundi à la mi-journée, devraient permettre d'en savoir plus.

150 personnes cagoulées à Gaillac

De son côté, le ministre de l'Intérieur a condamné les incidents qui se sont déroulés dans la soirée de dimanche à Gaillac et a appelé "à la retenue les responsables politiques et associatifs", qui se sont exprimés sur la mort d'un jeune homme.

400 à 500 manifestants ont défilé à Gaillac en hommage à Rémi et environ "150 personnes cagoulés ont été repoussés par 250 gendarmes", ont expliqué les autorités à BFMTV.

"Selon les premières informations que j'ai, il s'agit d'un jeune originaire de Toulouse, qui a fait des études d'environnement. A priori, il n'a pas le profil d'un casseur ou quoi que ce soit de ce genre", a réagi sur BFMTV José Bosé qui lutte contre le projet comme l'ancienne ministre Cécile Duflot ou le dirigeant du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon

"Un témoin dit avoir vu quelqu'un s'effondrer"

"Selon les premiers éléments que nous avons recueillis, la mort a eu lieu dans le contexte d'affrontements avec les gendarmes. Nous ne disons pas que les forces de l'ordre ont tué un opposant mais un témoin nous a dit que le décès s'était passé au moment d'affrontements", a déclaré à l'AFP par téléphone Ben Lefetey, porte-parole du collectif Sauvegarde de la zone humide du Testet, qui regroupe la majeure partie des opposants au projet de barrage.

"Nous ne disons pas que les forces de l'ordre ont tué un opposant, mais un témoin nous a dit que le décès s'était passé au moment d'affrontements", a-t-il souligné. "Un témoin dit avoir vu quelqu'un s'effondrer lors d'affrontements et être enlevé par les forces de l'ordre", a ajouté Ben Lefetey. "On mène l'enquête et nous allons coopérer avec les enquêteurs", a-t-il souligné.

"Notre-Dame-des-Landes du Sud-Ouest"

Le lieutenant-colonel Sylvain Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, qui gérait sur place les opérations de gendarmerie lors des échauffourées de samedi soir, a simplement indiqué que "100 à 150 anarchistes encagoulés et tout de noir vêtus ont jeté des engins incendiaires" et autres projectiles aux forces de l'ordre encadrant une mobilisation de "2.000" opposants qui, elle, est restée pacifique, selon lui. Les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de flash-balls, a-t-il ajouté

Le projet de barrage-réservoir d'1,5 million de m3 d'eau stockée fait de plus en plus figure de "Notre-Dame-des-Landes du Sud-Ouest", en référence à cette commune de Loire-Atlantique, où une importante mobilisation a provoqué le gel en 2012 de la création d'un nouvel aéroport.

Les opposants dénoncent un projet coûteux qui, selon eux, ne servira qu'à irriguer les terres d'un petit nombre d'exploitants pratiquant une agriculture intensive.

Un rapport très critique contre le projet

Un rapport d'experts, commandité par la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal, critique fortement le projet, le jugeant surdimensionné. Publié sur le site de la préfecture du Tarn, il recommande de l'adapter, sans pour autant le remettre en cause.

"Le conseil général du Tarn est maître d'ouvrage du projet" et "endosse la responsabilité du choix opéré", écrivent les experts. En conséquence, "un arrêt pur et simple du chantier relève de la seule décision du conseil général" et "une intervention ministérielle directe ordonnant l'arrêt, et demandée par certains, n'aurait pas de base légale", soulignent-ils. "Il semble difficile de procéder à l'arrêt du chantier", concluent-ils néanmoins, compte tenu de l'état d'avancement des travaux et des engagements pris avec la profession agricole.

Dans leurs critiques, les experts déplorent que le choix d'un barrage en travers de la vallée ait été privilégié "sans réelle analyse des solutions alternatives possibles". "Ceci est d'autant plus regrettable que le coût d'investissement (8,4 millions d'euros hors taxe, ndlr) rapporté au volume stocké est élevé", notent-ils. Les experts jugent "de qualité très moyenne" l'étude d'impact du projet. Ils estiment en outre que 40 exploitants bénéficieraient du barrage, alors que le Conseil général annonçait le double.

D. N. avec AFP