Va-t-on diminuer les limitations de vitesse de 10 km/h ?

La mesure sera examinée, parmi plusieurs autres, par le comité interministériel de sécurité routière qui se réunit en urgence ce mercredi à Matignon. Abaisser l'ensemble des limitations de vitesse de 10 km/h dans toute la France: une idée qui est loin de plaire à tout le monde.

120 km/h sur autoroute, 100 km/h sur voie rapide, 80 km/h sur nationale.... Voila quelles seront peut-être bientôt les limitations de vitesse en France. La piste fait en tous cas partie de la liste des pistes qui seront sérieusement étudiées ce mercredi par l'ensemble des acteurs de la sécurité routière réunis autour de François Fillon. Pour retrouver les principales pistes, que nous vous en présentions en début de semaine, cliquez ici.

« La mesure la plus importante pour effondrer la mortalité »

A n'en pas douter, la décision serait l'une des plus audacieuses prises ces dernières décennies, tant elle paraît impopulaire. « Ce serait la mesure la plus importante pour effondrer la mortalité sur les routes », estime l'accidentologue Claude Got. « C'est à dire 80 km/h sur le réseau secondaire, qui est celui où il y a le plus de morts. Et 120 km/h sur autoroute, qui est l'endroit où l'on s'habitue à aller vite. De plus, on aura en même temps une réduction de la consommation de carburant, et cet argument est extrêmement important dans le contexte économique actuel ».
Pour l'heure, le seul pays européen à avoir pris cette décision est l'Espagne, où depuis début mars on ne roule plus sur autoroute qu'à 110 km/h (au lieu de 120 km/h précédemment). Une mesure surtout dictée par des considérations d'ordre énergétique et économique. Il faudra surveiller, d'ici quelques mois, les premiers bilans en matière de sécurité routière.

« Du mercurochrome sur une jambe de bois »

En tous cas, il n'est pas certain que les Français accueillent avec beaucoup d'enthousiasme ce type de réforme. Pour sa part, Marc Bertrand, chargé de mission pour la Fédération des Motards en Colère, ne veut même pas en entendre parler. « Ne mettre le focus que sur la vitesse encore et toujours, c'est mettre du mercurochrome sur la jambe de bois de la sécurité routière », dit-il. « D'ailleurs la plupart des accidents ne se produisent pas à une vitesse excessive. Ce qu'il faut, c'est travailler sur les comportements généraux. Comment ça se fait, par exemple, qu'alors qu'il faut 25 mètres pour s'arrêter à 50 km/h, les gens roulent à 2 m les uns derrière les autres en ville ? Voila ce sur quoi il faut travailler ! ».

La Rédaction et Y. Abback