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Société

Une hausse des tarifs est-elle justifiée ?

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Les tarifs de l'électricité pourraient augmenter à la mi-août. Une hausse de 1,9% pour les particuliers, jugée « raisonnable » par la ministre de l'Economie. Les explications d'un expert en énergie.

D'après le quotidien Les Echos, le ministère de l'Ecologie et de l'Energie aurait proposé une augmentation des tarifs de l'électricité de 1,9% à 5% selon les cas pour la mi-août. Christine Lagarde, la ministre de l'Economie estime en effet qu'une hausse de 1,9% des tarifs de l'électricité pour les particuliers serait « raisonnable » et qu'une décision serait prise « à la mi-août ». Tandis que le PDG d'EDF Pierre Gadonneix avait déclaré début juillet qu'il souhaitait une hausse de 20% des tarifs d'électricité étalée sur 3 ans ou « un peu plus », pour que son groupe cesse de s'endetter.

« Permettre à EDF de construire de nouvelles centrales »

Une hausse « justifiée » selon Jean-Marie Chevalier, directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières de Paris-Dauphine, qui argumente : « Sur le plan économique, le problème c'est qu'on doit payer l'électricité comme n'importe quel bien, à un prix qui permet au fournisseur de continuer à fournir l'électricité, c'est-à-dire à construire de nouvelles centrales. Et sur la construction de certaines centrales, comme celle de Flamanville [ndlr, construite en 1979, dans la Manche] par exemple, on note des augmentations de coûts par rapport à ce qui était anticipé initialement. Et EDF ne pourra pas investir si EDF ne reçoit pas en recette quelque chose qui couvre le coût et un profit normal. Certes EDF gagne de l'argent, mais EDF est aussi responsable de la construction de nouvelles centrales pour le futur. »

« Ce blocage politique des prix est très mauvais... »

Christine Lagarde a également tenu à souligner que « le gouvernement est extrêmement attentif à ce que ces augmentations de tarifs soient minimales, à ce qu'on fasse au plus serré ». Un discours que Jean-Marie Chevalier comprend, tout en le critiquant : « Sur le plan politique, il y a une espèce de crispation de la classe politique, gauche et droite, qui dit : il ne faut pas que les prix augmentent. Ça se comprend du point de vue politique, par rapport aux consommateurs français. Mais en même temps, c'est ce qu'on appelle un blocage des prix, ce qui est toujours très mauvais du point de vue économique. Donc, on a bien contradiction entre le langage économique, qui implique une augmentation des prix, et le langage politique. »

« Fini le temps où on payait l'énergie à un prix très bas »

Alors que le pouvoir d'achat des Français sera donc à nouveau frappé par une hausse des tarifs d'électricité d'ici peu, le directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières de Paris-Dauphine appelle à prendre du recul : « il faut se placer dans une situation beaucoup plus générale : pendant longtemps on a payé l'énergie à un prix très bas. Cette époque est finie. Il faut donc habituer les consommateurs, les citoyens, les contribuables que nous sommes, à savoir que l'énergie devient un bien plus rare, donc plus cher, et qu'il faut qu'on paye le juste prix.

Cette augmentation correspond à l'augmentation du coût de construction des nouvelles centrales ; et derrière, il y a le prix du pétrole, celui du gaz, et beaucoup d'incertitudes sur les approvisionnements en énergie... Et je ne parle même pas des problèmes d'environnement, qui justifient aussi qu'on paye l'énergie plus cher.

En France on a besoin de lisser, de réguler la demande : en période de pointe, il faut importer de l'électricité, qui est chère. Et là, il y a tout un effort d'économie d'énergie et de régulation de la demande, qui est directement profitable pour le consommateur, puisque s'il consomme moins, et notamment à des heures chères, sa facture sera d'autant plus allégée. »

La rédaction-Bourdin & Co