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Société

Une chercheuse refuse la Légion d'honneur

La chercheuse Annie Thébaud-Mony refuse la Légion d'honneur décernée par la ministre du Logement Cécile Duflot pour dénoncer l'indifférence qui entoure les questions liées à la santé au travail et les crimes industriels.

La chercheuse Annie Thébaud-Mony refuse la Légion d'honneur décernée par la ministre du Logement Cécile Duflot pour dénoncer l'indifférence qui entoure les questions liées à la santé au travail et les crimes industriels. - -

Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm, a refusé la légion d’honneur que voulait lui remettre la ministre du Logement Cécile Duflot. Elle entend ainsi dénoncer l’indifférence qui entoure les questions liées à la santé au travail.

Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a refusé la légion d’honneur que voulait lui remettre la ministre du Logement Cécile Duflot. Elle souhaite ainsi dénoncer l’indifférence qui entoure les questions liées à la santé au travail et les crimes industriels.
Dans une lettre adressée à la ministre, rendue publique samedi, Annie Thébaud-Mony, dénonce l' « indifférence » qui touche la santé au travail et l'impunité des « crimes industriels ».
La présidente de l'association Henri Pézerat déplore que la crise économique occulte la dégradation des conditions de travail mais aussi « l'accumulation des impasses environnementales, en matière d'amiante, de pesticides, de déchets nucléaires et chimiques ».

La chercheuse, également porte-parole de Ban Asbestos France, une association de lutte contre l'amiante, estime que sa carrière a été « bloquée pendant dix ans » (à cause des lobbys industriels), et elle plaide pour qu'enfin la recherche sur l'exposition aux cancérogènes au travail soit dotée des moyens financiers publics nécessaires et que les jeunes chercheurs qui s'y adonnent cessent d'être maintenus dans un statut précaire.

« Je souhaite qu’il y ait des changements profonds »

« Il y a une indifférence totale vis-à-vis de la mort au travail quelle que soit sa forme et ce n’est pas parce que je le dis qu’il est légitime que je reçoive une distinction, ce n’est pas du tout ça ce que j’attends, a déclaré la chercheuse sur RMC. Je souhaite qu’il y ait des changements profonds et des changements urgents. Chaque jour, un ou deux travailleurs meurent sur leur lieu de travail. On a 3000 morts par an du fait de l’amiante et moi travaillant sur la mort au travail, être décorée de la Légion d’honneur pour ça je ne le sens pas ».

Il arrive régulièrement que des personnes refusent de recevoir la Légion d'honneur, pour des raisons souvent très différentes. Parmi les personnalités les plus connues ayant décliné la prestigieuse distinction il y a : George Brassens, Pierre et Marie Curie, Honoré Daumier, Albert Camus, Brigitte Bardot, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Louis Aragon

La Rédaction, avec Reuters et Antoine Serres