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Société

Une armée de vendangeurs attendue dans le Beaujolais

Les vignerons du Beaujolais, où l'on ramasse encore le raisin à la main, attendent en septembre 40.000 saisonniers, dont 10.000 restent à trouver, pour des vendanges qui, crise oblige, attirent un public de plus en plus large et international. /Photo d'ar

Les vignerons du Beaujolais, où l'on ramasse encore le raisin à la main, attendent en septembre 40.000 saisonniers, dont 10.000 restent à trouver, pour des vendanges qui, crise oblige, attirent un public de plus en plus large et international. /Photo d'ar - -

par Catherine Lagrange VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE, Rhône (Reuters) - Les vignerons du Beaujolais, où l'on ramasse encore le raisin à la main, attendent...

par Catherine Lagrange

VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE, Rhône (Reuters) - Les vignerons du Beaujolais, où l'on ramasse encore le raisin à la main, attendent en septembre 40.000 saisonniers, dont 10.000 restent à trouver, pour des vendanges qui, crise oblige, attirent un public de plus en plus large et international.

Une antenne spéciale de Pôle Emploi est déployée pendant six mois dans le Rhône pour répondre à cette demande spécifique, bien avant le coup d'envoi des vendanges vers le 10 septembre.

"A partir du mois de juin, nous prenons contact avec les viticulteurs pour connaître leurs besoins en personnel", explique Jean-Yves Montange, responsable du recrutement des vendangeurs du Beaujolais chez Pôle Emploi.

Le site de l'établissement public prend ensuite le relais en mettant en contact viticulteurs et candidats aux vendanges, qui seront recrutés, par campagne de dix jours, comme coupeurs, mais aussi porteurs, et même cuisiniers, assurant la table des saisonniers logés dans les domaines.

Pendant la période des vendanges, deux bungalows sont même installés devant les gares SNCF de Belleville et de Villefranche-sur-Saône, pour accueillir à la descente du train les candidats de dernière minute, qui sont tout de suite embarqués dans les vignobles par les viticulteurs.

Autrefois spécialité des étudiants qui y trouvaient un moyen de se faire de l'argent avant la rentrée, les vendanges attirent désormais, crise oblige, des candidats de tous âges, demandeurs d'emploi, mais aussi actifs qui n'hésitent à prendre leurs vacances à cette période pour arrondir leur fin de mois, et même des retraités à la recherche d'un complément de pension.

"Mais attention, c'est un travail physique qui demande de la résistance, qui s'effectue en extérieur, y compris sous les intempéries", prévient Jean-Yves Montange.

UN TRAVAIL DÉLICAT

Rémunérés au smic horaire, les vendanges permettent d'empocher en moyenne entre 600 et 700 euros pour une campagne de dix jours dans une exploitation. Certains, en enchaînent même plusieurs à la suite jusqu'à la fin octobre.

Les vendanges dans le Beaujolais, petit vignoble de 20.000 hectares connu dans le monde entier, attirent chaque année des saisonniers venus de toute la France, mais aussi de l'étranger.

"Nous recrutons effectivement beaucoup d'Allemands, de Suisses, d'Italiens, de Belges, d'Anglais, de Hollandais et traditionnellement des Polonais", dit le "Monsieur Vendanges" de Pôle Emploi. Depuis peu, on voit aussi arriver des Slovaques, des Hongrois et des habitants des pays baltes."

Certains vendangeurs viennent même de beaucoup plus loin, des Etats-Unis, du Japon, d'Australie, à la recherche d'un petit morceau de France. "Dans ce cas, ils doivent venir avec un visa leur permettant de travailler", précise Jean-Yves Montange.

Jean-Marc Lafont, viticulteur à Lantignie, reconstitue directement, d'année en année, une équipe d'une vingtaine de vendangeurs polonais. "Ils sont contents, ils reviennent, il y a une bonne ambiance, un bon esprit et ils travaillent vraiment très bien", souligne-t-il.

A Julié, Jean-François Perraud ne parvient pas à boucler son effectif tout seul et fait donc appel aux services de Pôle Emploi pour compléter son équipe de petites mains, le gros de ses troupes étant composé de fidèles.

"Certains reviennent chaque année depuis 20 ou 25 ans", se réjouit cet exploitant qui produit du Saint-Amour et du Juliénas. "J'ai même un couple de Belges de 70 ans qui ne loupe jamais une édition. Madame est en cuisine et monsieur dans les vignes."

Pour ces viticulteurs, fidéliser leurs vendangeurs est l'assurance de retrouver du personnel déjà formé et sensibilisé à la délicatesse exigée par l'exercice.

"Le raisin, c'est notre gagne-pain, c'est le travail de toute une année et il doit être ramassé avec la plus grande attention", leur rappelle Jean-François Perraud au lancement de chaque campagne de vendanges.

Edité par Yves Clarisse