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Un prix Nobel et une chaise vide pour Liu Xiaobo à Oslo

Signatures à Hong Kong en faveur de Liu Xiaobo. Le dissident chinois Liu Xiaobo, toujours incarcéré dans son pays, est à la fois le héros et le grand absent de la cérémonie du prix Nobel de la paix 2010, organisée vendredi à Oslo. /Photo prise le 10 décem

Signatures à Hong Kong en faveur de Liu Xiaobo. Le dissident chinois Liu Xiaobo, toujours incarcéré dans son pays, est à la fois le héros et le grand absent de la cérémonie du prix Nobel de la paix 2010, organisée vendredi à Oslo. /Photo prise le 10 décem - -

OSLO/PEKIN (Reuters) - Le dissident chinois Liu Xiaobo, toujours incarcéré dans son pays, est à la fois le héros et le grand absent de la cérémonie...

OSLO/PEKIN (Reuters) - Le dissident chinois Liu Xiaobo, toujours incarcéré dans son pays, est à la fois le héros et le grand absent de la cérémonie du prix Nobel de la paix 2010, organisée vendredi à Oslo.

Aucun membre de sa famille n'a pu se rendre dans la capitale norvégienne, une première depuis 1935, et un tiers des pays invités n'y seront pas représentés après l'intense campagne diplomatique de Pékin.

Le comité Nobel, dont le président a rappelé que son prix reposait sur "des droits et des valeurs universelles, non des standards occidentaux", symbolisera l'absence du lauréat par une chaise vide à la cérémonie.

La Chine a vivement condamné l'attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo et a renforcé sa surveillance de tous les dissidents et leurs proches ces dernières semaines.

Alors que les autorités ont brièvement interrompu les reportages de la BCC ou de CNN consacrés à Liu Xiaobo ces derniers jours, et bloqué les sites internet des deux médias, la presse officielle chinoise accuse l'Occident d'avoir profité du Nobel pour lancer une "nouvelle campagne de dénigrement" à l'encontre de la Chine.

"Aujourd'hui à Oslo, en Norvège, se tiendra une farce : 'Le Procès de la Chine'", peut-on lire vendredi dans un éditorial du Global Times, le tabloïd géré par le Quotidien du peuple.

Ce dernier, principal organe de presse du parti communiste, ajoute : "Ces quelques messieurs à Oslo pensent peut-être que, grâce à la notoriété du Nobel et avec le soutien de quelques forces politiques occidentales, ils récolteront des félicitations. Ils se trompent !"

18 PAYS ABSENTS

La sécurité a été renforcée à Pékin à quelques heures de la cérémonie, un grand nombre de véhicules de polices patrouillant en ville, particulièrement autour de la demeure de Liu, de la place Tiananmen et de l'ambassade de Norvège.

La police a empêché un groupe de diplomates allemands de s'approcher de l'appartement de Liu, où sa femme Liu Xia est supposée être en résidence surveillée.

La femme du dissident a dit à Reuters que Liu voulait dédier son prix aux militants victimes du "massacre de la place Tiananmen" en 1989.

La Chambre américaine des représentants a réclamé mercredi la libération de Liu et de son épouse, placée en résidence surveillée depuis l'annonce de la décision du comité le 8 octobre.

Le ministère chinois des Affaires étrangères s'en est offusqué lors de son point de presse hebdomadaire jeudi. Sa porte-parole, Jiang Yu, a mis en garde contre toutes les pressions visant à "détourner la Chine de son développement".

Liu Xiaobo a été condamné à 11 ans de prison le jour de Noël 2009 pour avoir participé à la rédaction de la Charte 08, manifeste d'intellectuels et de militants préconisant des réformes démocratiques dans le pays.

Selon les derniers calculs du comité Nobel, 18 pays dont la Chine ne participeront pas à la cérémonie contre 45 qui seront représentés. La plupart, comme l'Iran, Cuba, la Russie, l'Arabie saoudite, l'Afghanistan, ont des relations économiques fortes avec Pékin ou partagent son hostilité aux pressions occidentales sur la question des droits de l'homme.

Wojciech Moskwa à Oslo, Sui-Lee Wee à Pékin, Clément Guillou pour le service français