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Un octogénaire détenteur d'un bon au porteur réclame 115 millions à la Roumanie

Image d'illustration - Des billets de 50 et de 100 euros

Image d'illustration - Des billets de 50 et de 100 euros - Pixabay

En 2018, un habitant d'Aulnay-sous-Bois acquérait un bon au porteur émis il y a 93 ans par l'État roumain, comme le révèle Le Parisien. Depuis cette date, ses demandes de remboursement sont restées vaines.

En 2018, Henri B., octogénaire vivant à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), décide de débourser 300.000 euros pour acquérir un bout de papier un peu jauni, comme le révèle Le Parisien. Une folie? Pas pour cet ancien conseiller juridique, qui flaire la bonne affaire. Et pour cause. Le document qu'il s'est procuré est un bon au porteur, émis en 1929 par l'État roumain. Après expertise, la conclusion tombe: en échange de son document, Henri B. peut théoriquement réclamer 115.887.000 euros à la Roumanie.

Financer la dette publique des États

Un bon au porteur, également appelé bon anonyme, est un titre de créance non-nominatif, appartenant donc à la personne qui l'a en sa possession. Dans le cas de celui détenu par Henri B., il a été émis par la Roumanie durant la première moitié du XXe siècle, pour financer une partie de la dette publique du pays. Au moment de son émission, le bon avait pour valeur "500 Francs or", comme il est indiqué en gras sur le document. Un taux d'intérêt y est également associé.

"Ce qui fait qu'au bout de toutes ces années, ce bon au porteur, à la valeur intrinsèquement faible, représente une somme aussi colossale", détaille au Parisien l'avocat d'Henri B., Me Grégory Levy.

La valeur actuelle du document, acheté auprès d'un colonel roumain qui en vendait pour un total de 5 milliards d'euros, a d'ailleurs été validée par une société financière roumaine. Et si certains bons possèdent une date de validité, Henri B. assure que ce n'est pas le cas du sien. L'homme peut donc, en théorie, réclamer ses quelque 115.887.000 euros à Bucarest.

"Vers la Cour de justice de l'Union européenne si la situation l'exige"

En théorie seulement. Car depuis 2020, les différents organismes roumains qu'Henri B. et son avocat contactent font la sourde oreille face à la somme colossale réclamée.

"Le problème, c'est que ces organismes se renvoient la balle", regrette l'octogénaire.

En 2020, la Banque nationale de Roumanie lui indique ne pas être compétente, puisque ce n'est pas elle qui a émis les bons, mais "l'État roumain par le ministère des Finances". Et l'organisation du pays a profondément changé depuis 1929. Actuellement, la Roumanie est une république semi-présidentielle. Mais il y a un peu moins d'un siècle, il s'agissait encore d'une monarchie constitutionnelle.

Face à ce premier refus, Henri B. décide alors de se tourner vers l'ambassade de Roumanie en France, une première fois en début d'année, avant de la relancer la semaine dernière.

"L'ambassade de Roumanie ne nous dit même pas qu'elle refuse de payer. Elle demeure juste silencieuse", regrette-t-il.

"Faute de réponse, nous nous tournerons vers le ministère français de l'Économie et des Finances. Et ensuite, vers la Cour de justice de l'Union européenne si la situation l'exige", promet de son côté son avocat Me Levy.

En attendant de voir son bout de papier se transformer en billets de banque, Henri B. pourrait se lancer dans la construction d'immeubles. Il assure que des banques anglaises lui ont promis des prêts afin de financer des constructions, en échange de son bon comme caution. "Mais à mon âge, je n'ai aucune envie de me lancer dans l'immobilier", précise-t-il.

Jules Fresard