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Société

Un émir privatise un étage d'un hôpital public en région parisienne

L'hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt en région parisienne.

L'hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt en région parisienne. - -

Privatiser l'étage d'un hôpital public pendant sept jours pour s'y faire soigner est-il acceptable? L'AP-HP soutient que ça n'a rien changé pour les autres patients, mais le syndicat SUD insiste sur le caractère "choquant" de la démarche.

Où doit s'arrêter le pouvoir de l'argent? Un riche émir du Golfe a privatisé début mai un étage d'un hôpital public en région parisienne, demandant plusieurs aménagements comme l'installation de douchettes dans les WC, a confirmé vendredi le syndicat SUD.

Neuf chambres du 7e étage de l'hôpital Ambroise-Paré, de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), ont été réservées entre le 8 et 14 mai pour accueillir l'homme d'affaires, dont le nom n'a pas été communiqué, et les personnes qui l'accompagnaient (gardes du corps, famille), a précisé l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), confirmant une information du Canard enchaîné.

"C'est choquant, même s'il a payé", s'indigne un syndicaliste

Des douchettes ont été installées dans les toilettes et retirées depuis, du mobilier comme des chaises et un canapé ont été sortis des réserves de l'établissement et le patient s'est attaché les services d'un traiteur, a reconnu l'AP-HP.

L'autorisation de réservation des chambres par le professeur de chirurgie orthopédique qui a opéré l'émir a été acceptée par la direction de l'hôpital compte tenu "de l'importante recette attendue", justifie l'AP-HP.

"C'est choquant, même s'il a payé: mettre à disposition un étage et permettre à une personne d'effectuer des travaux parce qu'elle est riche, ce n'est pas l'image de l'assistance publique. C'est considérer uniquement l'aspect mercantile", a déploré le secrétaire général Sud de l'AP-HP Jean-Marc Devauchelle.

"Avoir une chambre individuelle ne devrait pas être un luxe", a poursuivi Jean-Marc Devauchelle.

"Les autres patient pas pénalisés", d'après l'AP-HP

L'AP-HP souligne que si le patient a réservé neuf chambres, c'est pour des "contraintes de sécurité" et que la date a été choisie "en raison de la baisse d'activité inhérente" aux longs week-ends et n'a "en aucun cas pénalisé les autres patients".

"Il n'a jamais eu d'infirmières ou d'aides-soignantes dédiées. Les règles du fonctionnement du service ont été respectées", précise l'AP-HP, ajoutant qu'un devis a été réalisé en amont de l'hospitalisation et payé en totalité par le patient.

Conformément à la loi de financement de la Sécurité Sociale, "la prestation a été majorée de 30%, ce qui s'applique habituellement aux patients non-résidents", a ajouté l'AP-HP.

Cette activité est "peu développée" à l'AP-HP et représente que 0,5% de patients, conclut-elle.

D. N. avec AFP