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Société

Un bébé meurt à cause d'une fausse sage-femme

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Se faisant passer pour une sage-femme, une doula, sorte d'accompagnante de femmes enceintes, a été mise en examen suite au décès d'un bébé. Ce drame relance le débat de l'accouchement à domicile.

Une femme de 58 ans a été mise en examen pour « exercice illégal de la profession de sage-femme », en Ariège. Se présentant aux policiers comme « doula », mais s'étant faite passer auprès des parents pour une sage-femme, elle a aidé fin août une femme à accoucher à domicile d'un bébé qui est mort trois heures après sa naissance. Le nourrisson a nécessité des soins que la fausse sage-femme n'a pas été en mesure de prodiguer. Placée sous contrôle judiciaire avec interdiction de rencontrer toute femme enceinte, la femme mise en examen a reconnu avoir participé à plusieurs dizaines d'accouchements à domicile dans le secteur du Couserans (Ariège). Une enquête a donc été ouverte pour recenser tous les accouchements effectuées par la fausse sage-femme et savoir si d'autres accidents de ce type s'étaient déjà produits.

Qu'est-ce qu'une doula ?

Le phénomène des doulas s'accentue en France depuis leur apparition en 2003. Le mot doula est d'origine grecque et il s'agit de femmes qui accompagnent la naissance et aident les parents en leur apportant un soutien émotionnel et en répondant à leurs questions et leurs angoisses. Une cinquantaine de doulas seraient en exercice en France. L'association « Doulas de France » en regroupe une vingtaine et propose des formations, tout en militant pour que les doulas puissent obtenir un statut légal. En effet, les doulas n'existent pas aux yeux de la loi et elles ne peuvent remplacer un médecin ou une sage-femme lors d'un accouchement.

Les risques de cette pratique

Le Professeur Roger Henrion, membre de l'Académie nationale de médecine, est l'auteur d'un rapport qui a étudié cet été le phénomène des doulas. Il mettait alors déjà en garde contre cette pratique, et n'est pas étonné par cet accident : « Les doulas ne prétendent pas du tout faire des accouchements. C'est un accompagnement non médical en complément du suivi médical normal. Nous avions redouté ce qui vient d'arriver, c'est-à-dire que certaines outrepassent ce qu'il est convenu qu'elles fassent, et fassent réellement des accouchements. Dans 90% des cas, l'accouchement se passera correctement mais dans les 10% restants il y a possibilité d'accident. Il n'y a pas la possibilité d'avoir tout pour réanimer un enfant ou pour faire face à une hémorragie très abondante ».

Valérie Dupin, doula et co-présidente de l'association Doulas de France, ne dit pas autre chose : « Nous sommes absolument bouleversés de savoir qu'un bébé est décédé. Cette femme n'est pas une doula pour nous. La définition d'une doula, c'est tout sauf ça, une doula n'est pas une sage-femme, ne fait pas d'accouchements, ne fait pas d'actes médicaux, elle ne suit pas le couple médicalement, elle ne peut pas être présente durant un accouchement ou pendant le travail sans qu'une sage-femme ou un médecin ne soit présent. Il faut dire aux parents que si des femmes se présentent à eux en tant que doulas pour les accompagner en se substituant à une sage-femme ou un médecin, ce ne sont pas des doulas ».

Cette association est en contact avec les ministères du Travail et de la Santé pour obtenir un cadre légal à cette profession.

La rédaction et Aurélia Manoli