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Société

Trop de taxes : le ras-le-bol des commerçants

Suite à la suppression de la taxe professionnelle, les collectivités locales ont compensé le manque à gagner en augmentant les taxes locales sur les commerces.

Suite à la suppression de la taxe professionnelle, les collectivités locales ont compensé le manque à gagner en augmentant les taxes locales sur les commerces. - -

Taxe sur la diffusion de musique, taxe sur l'affichage de panneaux publicitaires sur les devantures... les commerçants sont trop taxés ! La CGPME tire la sonnette d’alarme et réclame l'ouverture d'un débat, craignant la fermeture des commerces de proximité.

« Payer des impôts, c’est normal, mais il y a un moment où la coupe est pleine ». Sur RMC, Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises, fait part du ras-le-bol des commerçants. Au total, la CGPME a listé une cinquantaine de taxes pesant sur eux : « il y a une taxe sur l’édition des ouvrages de libraire, une taxe sur les appareils de reproduction et d’impression, une taxe spéciale sur les huiles destinées à l’alimentation humaine, une taxe de balayage, etc ».

« La taxe locale sur la publicité extérieure est une folie »

Avec la suppression de la taxe professionnelle cette année, les collectivités locales ont dû trouver de nouvelles taxes pour compenser le manque-à-gagner. Par exemple, une « taxe locale sur la publicité extérieure (TLPE) », qui varie selon les communes. « Cette taxe est une folie, estime le secrétaire général de la CGPME. Si vous mettez une affiche sur votre vitrine, vous êtes taxé au-delà d’une certaine surface, mais pas si vous la mettez sur un pied devant la vitrine ».

« Pas question que les commerçants soient les oubliés des politiques actuelles »

Pour Jean-Eudes du Mesnil, cette accumulation a des conséquences dramatiques sur le territoire : « Aujourd’hui, la moitié des 36 000 communes de France n’a plus de commerces, pourtant essentiels dans les zones rurales pour que les gens puissent continuer à y habiter. [...] Il ne faut pas que les commerçants soient les oubliés des politiques actuelles ». La CGPME réclame donc l’ouverture d’un débat sur la taxation des commerçants, si possible avant la réforme de la fiscalité prévue au printemps prochain.

Reportage à Carro, un village à moins de 50 km de Marseille et à une dizaine de Martigues. Ils ne sont plus que 7 commerces de proximité à subsister, pour 1000 habitants à l’année. Un village du bord de mer, relativement fréquenté l’été mais où l’hiver est devenu très long pour les commerçants. La seule boucherie-traiteur du village vient de fermer. Et ils sont quelques autres à difficilement envisager l'avenir.

« Tenter ma chance à l’étranger et y payer mes impôts »

Laetitia est boulangère à Carro, avec son compagnon, et aujourd’hui, elle n’a qu’une envie : partir à l’étranger, à cause des charges : « Urssaf, électricité, eau, animations, publicité, musique… on est taxé sur tout. On ne fait rien pour que les gens puissent travailler mieux et plus. En tant que jeune, je ne me vois pas rester en France, mais plutôt partir tenter ma chance à l’étranger et payer mes impôts à l’étranger. »

« Chercher un boulot d’appoint, parce que c’est plus vivable »

Après avoir subi un plan social, Gabriel est arrivé il y a 4 ans d’Alsace pour reprendre une Librairie-Presse à Carro. A l’époque, il était plein d’espoir, aujourd’hui il se dit asphyxié par les charges, d’autant que son type de commerce est de plus en plus difficile à tenir : « Tout compris, je paye 500 euros de charges. Même mon comptable dit que ça fait beaucoup. Avec 800 euros de bénéfices, on ne peut pas s’en sortir. Au niveau national, la presse ferme, les uns après les autres. Ici, c’est ce qui risque d’arriver. D’ailleurs, j’en suis au point de chercher un boulot d’appoint à côté, parce que seul c’est plus vivable. »