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Toulouse: une équipe de BFMTV victime d'une tentative de lynchage

Des gilets jaunes réunis place du Capitole à Toulouse ont pris à partie une équipe de BFMTV le 24 novembre 2018.

Des gilets jaunes réunis place du Capitole à Toulouse ont pris à partie une équipe de BFMTV le 24 novembre 2018. - Capture BFMTV

Depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes, des journalistes ont été pris pour cible, parfois violemment. Des actes inacceptables, dont a été notamment victime l'une de nos équipes, à Toulouse.

"Maintenant vous dégagez sinon on vous défonce". C'est en ces termes que notre équipe de correspondants a été menacée, ce samedi, place du Capitole à Toulouse, avant d'être agressée. Alors qu'ils voulaient simplement faire leur travail, deux de nos collègues ont été pris à partie verbalement par plusieurs dizaines de manifestants portants des gilets jaunes, tandis que 1.000 personnes se trouvaient sur la place. Une séquence immortalisée par l'un des gilets jaunes toulousains, et mis en avant sur leur page Facebook.

A la suite de ces invectives, en l'espace de quelques minutes, la situation a dégénéré. Jean-Wilfrid Forquès, grand reporter pour notre chaîne et RMC âgé de 53 ans et travaillant depuis 31 ans, et Maxime Sounillac, JRI de l'agence de presse AIMV âgé de 37 ans et également expérimenté, ont été victimes d'une "tentative de lynchage", selon leurs propres termes. 

Deux plaintes déposées

"J'ai vu foncer sur moi un tsunami de gilets jaunes", raconte Jean-Wilfrid Forquès, correspondant à Toulouse depuis 10 ans, contacté ce samedi soir. "Je suis identifié ici, quelle que soit la couleur de mon micro", précise-t-il. Les deux journalistes s'apprêtaient à faire un direct pour la chaîne quand le ton est monté autour d'eux sur la place, dans une "ambiance tendue". Identifiés comme travaillant pour BFMTV, pris à partie directement puis menacés par des manifestants porteurs de gilets jaunes, traités d'"agents du gouvernement", et de "bâtards", ils ont dû être rapidement évacués par deux agents déployés pour assurer leur sécurité, et alors que les CRS présents sur la place quelques minutes plus tôt étaient partis.

Dans la cohue, les deux journalistes ont été séparés, Maxime Sounillac se retrouvant "coincé dans un coin", mais finalement à l'abri. Un peu plus loin, plusieurs dizaines de gilets jaunes se sont mis à courir en direction de Jean-Wilfrid Forquès, toujours accompagné des deux agents de sécurité qui tentaient de le mettre à l'abri. "Ils ont foncé sur moi, ils voulaient casser du journaliste". Ce dernier a dû se réfugier dans un magasin, d’où il n’a pu sortir que quand les CRS ont chargé devant la boutique pour faire partir les manifestants qui s'étaient regroupés.

"J'ai couvert des guerres, des conflits, mais jamais depuis une semaine je n'avais ressenti autant de haine envers les journalistes", déplore-t-il.

En début de soirée, lui et Maxime Sounillac ont porté plainte pour "tentative d'agression en réunion". Comme le rapporte l'AFP, un journaliste de C-News, Jean-Luc Thomas, a lui aussi été agressé ce samedi au même endroit. Victime de coups de pied et de crachats, il a lui aussi été poursuivi par des manifestants, et a porté plainte. 

La direction de BFMTV condamne des actes "intolérables"

"Ces comportements sont intolérables", réagit ce samedi soir Céline Pigalle, directrice de la rédaction de BFMTV. "Nous les condamnons et désormais nous porterons plainte à chaque fois que ce type d'événements se produira. La direction de BFMTV apporte tout son soutien ce soir aux deux journalistes qui ont été pris à partie."

Lors de sa conférence de presse donnée en fin de journée, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a évoqué les tentatives d'intimidations et les agressions dont plusieurs journalistes ont été victimes depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes. "Il est essentiel que les journalistes puissent librement faire leur métier (...). Nous serons bien évidemment à vos côtés", a-t-il ajouté, à l'adresse des journalistes.

Charlie Vandekerkhove et Jérémy Maccaud