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Tee-shirts "Pardon!" jugés racistes: le Cran porte plainte

Les deux modèles, aujourd'hui épuisés, sont jugés "racistes" par le Cran. La marque Pardon! ne comprend pas ces attaques.

Les deux modèles, aujourd'hui épuisés, sont jugés "racistes" par le Cran. La marque Pardon! ne comprend pas ces attaques. - BFMTV.com - Pardon!

Le conseil représentatif des associations noires s'indigne d'un tee-shirt où la marque réunionnaise Pardon! joue sur les mots en créole.

La marque réunionnaise Pardon!, qui avait commercialisé des sacs à l'effigie de Carla Bruni nue, refait parler d'elle. Cela fait plus d'un an que le tee-shirt mis en cause par le Cran est en vente, mais "il n'avait jamais suscité de réaction particulière", rapporte la marque à BFMTV.com. Jusqu'à ce week-end, lorsqu'un blog d'actualité réunionnais, Bondamanjak, s'est fendu d'un billet pour s'étonner du message inscrit sur le vêtement.

Sur le tee-shirt, on peut lire différentes additions de mots en créole, faisant référence aux nationalités présentes sur l'île. "Kaf + Malbar = Kafar" (Noir + Indien = Cafard, ndlr), ou encore "Zoreil + Mauricien = Zomau" (Blanc + Mauricien = Homo, ndlr). Pas de signification cachée à chercher, tout l'humour controversé du tee-shirt, aujourd'hui épuisé, tient dans le jeu sur les syllabes.

Un design imaginé par une étudiante 

Lundi, la marque s'est défendue de toute haine. Le tee-shirt est né "lors d'une collaboration avec des élèves des Beaux-Arts" de la Réunion, "sur le thème du métissage." "Il n'y a aucune hiérarchie d’une origine sur une autre. Toutes les ethnies de la Réunion sont traitées de la même manière", argue un porte-parole, joint par BFMTV.com.

Des regrets? "La société ne se prononce pas", répond prudemment le salarié, rappelant qu'il n'y a là "aucun acte raciste." Quant à la créatrice à l'origine du design, elle a également tenu à s'expliquer, insistant sur son origine, "Je suis métisse réunionnaise", et son orientation sexuelle - "J'étais en couple à l'époque avec une Mauricienne", confie la jeune femme.

Mais pour le Cran, il n'y a pas à tergiverser: "C'est du racisme et de l'homophobie", tranche le président Louis-Georges Tin, joint par BFMTV.com. "Sous couvert de se vouloir provocatrice et libertaire, Pardon! tombe encore une fois dans l'incitation à la haine raciale. Il n'y a aucun humour dans ce message. Nous avons porté plainte auprès du procureur de la Réunion", confirme le responsable.

La Vierge Marie sur un string

Pour Pardon!, ce n'est pas une première. En 2002, la marque, créée par un Allemand installé sur l'île de la Réunion en 1984, avait défrayé la chronique avec un string à l'effigie de la Vierge Marie. En 2011, elle avait été condamné à 40.000 euros pour les sacs imprimés avec Carla Bruni. Mais en juillet dernier, elle avait fait l'unanimité en remettant 2.000 euros à l'Union des femmes pour la Réunion, afin d'aider à la libération des jeunes Nigérianes enlevées par Boko Haram.

Louis-Georges Tin s'agace de ces partis pris. "Le nom de la marque veut tout dire: elle s'excuse par avance de faire ensuite n'importe quoi. Quant à son logo imprimé à l'intérieur de chaque vêtement, c'est un diablotin dans une chaise coloniale, porté par deux femmes. Les excuses ne suffisent pas à justifier ces dérapages."