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Société

Suicides sur les rails : le reflet de la crise ?

Chaque année environ 11.000 personnes mettent fin volontairement à leurs jours en France.

Chaque année environ 11.000 personnes mettent fin volontairement à leurs jours en France. - -

Douze suicides sur les voies de chemin de fer sur les trois jours du week-end de Pentecôte en France. Un chiffre que la SNCF qualifie d'« exceptionnel ». Mais pour certains spécialistes, ces suicides reflètent la dureté de la crise économique.

Chaque année environ 11.000 personnes mettent fin volontairement à leurs jours en France. Le professeur Michel Debout, médecin spécialiste du suicide et ancien président de l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS) explique sur RMC que les nombreux suicides de ces derniers jours ne sont pas une surprise.

« La crise explique ces gestes de désespoir »

D'après lui, cette situation de crise, avec les menaces sur l'emploi, la pauvreté, le surendettement, provoque ces passages à l'acte. Mais le professeur voit aussi dans ces suicides une signification. Il y a, d'après lui, une sorte de protestation, de prise à témoin de la société. Un peu comme dans le cas d'une immolation : « Je crois que la crise économique et sociale explique pour beaucoup les gestes de désespoir de nos concitoyens. En ce qui concerne le mode lui-même c’est-à-dire sous le train, je crois que l’on peut y voir un signe de protestation en cette période de départ en vacances et que eux, qui malheureusement sont sous les rails, ne peuvent pas partir. S’ils partent, c’est pour leur dernier voyage ».

« Il est possible d'agir »

Depuis 2008, le professeur Debout estime que la crise aurait provoqué 750 morts de plus par suicide par an. Mais cela reste une estimation. C'est pourquoi il milite depuis 1993 pour créer un "observatoire du suicide", qui permettrait par exemple de comprendre les causes, pour agir et éviter des drames : « On pourrait connaitre l’évolution du taux de suicide dans certaines populations : les chômeurs, les retraités, les surendettés. Cela permettrait de mener des politiques de prévention. On développe peu la prévention alors que l’Angleterre développe ce système depuis très longtemps et ils arrivent à faire baisser les chiffres de la mortalité. Les taux anglais sont deux fois inférieurs aux nôtres. Ça veut dire qu’il est possible d’agir. Je ne comprends pas pourquoi, après des années de réclamations, nous n’avons toujours pas droit à cet observatoire ».

La Rédaction avec Benjamin Smadja