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Société

Soixante anti-OGM jugés pour avoir coupé la vigne de l'Inra

Le procès de 60 "faucheurs volontaires" prévenus d'avoir détruit une vigne transgénique de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) à Colmar en 2010 s'est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel de la ville./Photo d'archives/REUTERS

Le procès de 60 "faucheurs volontaires" prévenus d'avoir détruit une vigne transgénique de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) à Colmar en 2010 s'est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel de la ville./Photo d'archives/REUTERS - -

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Le procès de 60 "faucheurs volontaires" prévenus d'avoir détruit une vigne transgénique de l'Inra (Institut...

COLMAR, Haut-Rhin (Reuters) - Le procès de 60 "faucheurs volontaires" prévenus d'avoir détruit une vigne transgénique de l'Inra (Institut national de la recherche agronomique) à Colmar en 2010 s'est ouvert mercredi devant le tribunal correctionnel de la ville.

Les militants anti-OGM, venus de toute la France, avaient saccagé en six minutes les 70 ceps de vigne, cultivés en plein air dans l'enceinte de l'Inra, dans le cadre d'un programme de recherche sur le court-noué, une maladie virale de la vigne.

Le procès a donné lieu à un rassemblement de soutien devant le tribunal avec guitares et charrettes attelées de chevaux. Il doit durer trois jours.

Les militants, qui avaient revendiqué leur action en donnant leurs noms et adresses à la police, n'ont pas caché avoir mené cette action pour bénéficier d'une tribune et dénoncer les organismes génétiquement modifiés, qu'ils soient cultivés à des fins commerciales ou de recherche.

"Tant en Europe qu'en France, la législation est influencée par le lobby des multinationales semencières. Je pense que l'Inra sert de faux-nez aux industriels", a affirmé Quider Berrahil.

Interrogé sur le "comité local de suivi" dont s'était entouré l'Inra pour associer consommateurs et défenseurs de l'environnement à sa démarche, ce retraité normand de 65 ans a estimé qu'il s'agissait d'un "leurre".

"J'appellerai plutôt ça un comité d'acceptation", a-t-il dit.

Eric André, un jurassien qui laboure les vignes avec ses chevaux conteste la pertinence de la recherche de l'Inra.

"J'ai la chance de travailler avec des vignerons bio, tous m'ont dit que le court-noué n'était pas un problème", a expliqué pour sa part

Les avocats des faucheurs volontaires ont l'intention de plaider la nullité des poursuites, le délit de fauchage, créé en 2008, ne visant selon eux que les cultures commerciales.

"Nous allons aussi plaider l'état de nécessité", qui autorise la commission d'une infraction pour éviter un dommage, a dit à des journalistes Me Jérôme Bouquet-Elkaïm.

L'Inra demandera de son côté 540.000 euros de dommages et intérêts "correspondant au dommage matériel et scientifique", a indiqué l'un de ses avocats, Me Michel Ledoux.

La destruction de la vigne de l'Inra avait eu lieu près d'un an après une première action de coupe des seuls greffons (non OGM) par un biologiste alsacien, Pierre Azelvandre.

Cet opposant solitaire aux organismes génétiquement modifiés a été condamné en appel, le 17 janvier dernier, à un mois de prison avec sursis, 2.000 euros d'amende et 50.000 euros de dommages et intérêts au profit de l'Inra.

L'Institut de recherche, qui menait cet essai depuis cinq ans, a néanmoins pu conclure à l'inefficacité de la transgénèse pour lutter contre le court-noué, sans néanmoins parvenir à expliquer pourquoi.

Gilbert Reilhac, édité par Yves Clarisse