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Société

"Signaux faibles de radicalisation": l'université de Cergy s'excuse pour une fiche polémique envoyée en interne

L'université de Cergy-Pontoise a reconnu ce lundi une maladresse après la diffusion d'un message à ses personnels visant à détecter des "signaux faibles de radicalisation"

L'université de Cergy-Pontoise a reconnu ce lundi une maladresse après la diffusion d'un message à ses personnels visant à détecter des "signaux faibles de radicalisation" - Mychèle Daniau-AF

L'université de Cergy-Pontoise a reconnu ce lundi une maladresse après la diffusion d'un message à ses personnels visant à détecter des "signaux faibles de radicalisation".

Absentéisme récurrent aux heures de prière, changement de tenue vestimentaire, arrêt de l'alcool... L'université de Cergy-Pontoise a reconnu ce lundi une maladresse après la diffusion d'un message à ses personnels visant à détecter des "signaux faibles de radicalisation". Le document polémique a depuis été "retiré", a indiqué l'université.

"Appel à la vigilance": voici l'objet du mail reçu lundi par les 1800 personnels de l'université, en provenance de la boîte mail du responsable sécurité, également "référent radicalisation" de l'établissement. Y étaient détaillés les différents types de "menaces d'attaques terroristes", notamment la "menace endogène", c'est-à-dire directement liée aux personnes fréquentant l'université.

Dans un fichier Excel attaché étaient listés des "signaux faibles" susceptibles d'alerter, par exemple un changement de tenue vestimentaire (le port de pantalon dont les jambes s'arrêtent à mi-mollets pour un homme, l'apparition d'un voile pour une femme), l'arrêt de la consommation d'alcool, un intérêt soudain pour la religion ou un absentéisme récurrent aux heures de prières... Un extrait du ficher circule sur les réseaux sociaux, comme le montre le tweet ci-dessous.

S'ils constataient "qu'un individu (étudiant ou collègue) présente un ou plusieurs signaux listés dans cet imprimé", les personnels de l'université étaient invités à retourner l'imprimé au référent sécurité.

"C'est totalement aberrant, j'ai honte"

Clément Carbonnier, professeur de l'université, en détachement au Québec, a été la première personne à dénoncer le document sur Twitter. "Mon premier réflexe a été d'écrire un tweet pour expurger ma colère, dans l'espoir de faire réagir les collègues", a-t-il expliqué se disant "profondément choqué". "C'est totalement aberrant, j'ai honte", a-t-il ajouté.

 De son côté, le président de l'université François Germinet a reconnu un message "extrêmement maladroit". "Il ne correspond pas à ce qu'on voulait faire passer", a-t-il regretté, tout en affirmant que certains collègues "sont parfois confrontés à des situations délicates et ne savent pas comment réagir". 

"Suite au drame de la préfecture de police de Paris (frappée début octobre par une attaque au couteau d'un de ses agents, ndlr), il nous avait semblé nécessaire d'apporter des informations relatives à d'éventuels changements de comportement", a-t-il ajouté. Un nouveau message devrait être envoyé dans la soirée, "afin de nous excuser si nous avons heurté des sensibilités", a-t-il poursuivi.

Le ministère de l’Enseignement supérieur, contacté par Libération, dit n’avoir rien à voir avec l’initiative et assure qu’il ne s’agit pas "d’une application des directives de l’Etat".

La semaine dernière, Emmanuel Macron avait appelé "la Nation tout entière" à "faire bloc" pour combattre "l'hydre islamiste", lors d'un hommage aux quatre fonctionnaires tués à la préfecture de police. Il avait appelé à bâtir "une société de vigilance".

C.Bo. avec AFP