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Société

Série de mesures annoncées après le cas Laëtitia

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Le gouvernement a annoncé lundi la création d'un nouveau service de police et décidé de faire appel aux magistrats retraités après un crime pour lequel un homme ayant déjà connu la prison est suspecté.

Le gouvernement a annoncé lundi la création d'un nouveau service de police et décidé de faire appel aux magistrats retraités après un crime pour lequel un homme ayant déjà connu la prison est suspecté.

Les ministères de la Justice et de l'Intérieur estiment dans un communiqué que les enquêtes menées sur la disparition près de Nantes de Laëtitia Perrais, 18 ans, montrent une série de fautes imputables à la justice et la police.

« Les éléments relevés témoignent d'une défaillance de la chaîne pénale. Les sanctions qui s'imposent au regard des fautes seront demandées aux instances disciplinaires compétentes », dit le communiqué.

Les syndicats ont répliqué en estimant que le gouvernement cherchait des boucs émissaires, alors que les problèmes relèvent à leurs yeux de la pauvreté du système. La CGT parle d'une « utilisation populiste » d'un fait divers.

Le meurtre de Laëtitia Perrais, dont le corps n'a pas été retrouvé, est imputé à Tony Meilhon, mis en examen et écroué à Nantes depuis le 22 janvier.

Cet homme déjà condamné 15 fois, sorti de prison après avoir purgé en intégralité ses peines depuis 1999, était en principe soumis à une « mise à l'épreuve » de deux ans prononcée dans le cadre de sa dernière condamnation pour outrage à magistrat.

Ce suivi, qui l'obligeait à rechercher un emploi et à se soigner, n'a pas été appliqué, dans le cadre d'un accord écrit passé au printemps dernier entre les services de probation et la justice, et qui concernait environ 800 détenus.

Le service de probation de Loire-Atlantique, qui n'emploie que 17 agents titulaires pour 3.300 dossiers à suivre en plus d'autres tâches, était engorgé. Il a été décidé alors de limiter à 130 dossiers de détenus par agent le suivi, les cas jugés les moins graves étant négligés.

RETRAITES ET NOUVEL OFFICE

Les ministères y voient un "dysfonctionnement", car ils estiment que la personnalité de Tony Meilhon n'a pas été prise en compte.

Ils mettent en cause aussi la police, qui n'a pas traité sept plaintes déposées contre Tony Meilhon depuis sa sortie de prison, dont une pour viol de son ex-compagne en décembre 2010.

La police ne l'a pas recherché alors que son nom figurait dans un fichier après qu'il eut omis de déclarer son adresse.

Le gouvernement promet de créer un nouvel « office de suivi des délinquants sexuels et violents » avant le 15 février, censé repérer les délinquants dangereux et alerter les services.

Pour les services de probation, il n'y aura pas de recrutements mais un appel à la "réserve judiciaire", un corps créé cette année et qui doit être composé de 500 magistrats retraités. Il lui sera interdit de définir des priorités de suivi par catégorie d'infraction.

Il est aussi question d'un recours accru au bracelet électronique, de poursuivre systématiquement les personnes recherchées, de créer des cellules départementales police-gendarmerie sur les récidivistes.

La CGT, qui parle « d'incompétence et de lâcheté » des autorités a adressé une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy où elle estime que l'Etat est responsable de la situation.

« La famille de la victime doit savoir que les dysfonctionnements de la justice ne sont pas le fait d'un fonctionnaire du service de probation, ou d'un magistrat, mais que c'est le fait de (...) l'Etat qui s'est désengagé de ses obligations », écrit la CGT.

Nicolas Sarkozy a reçu lundi à l'Elysée la famille de Laëtitia Perrais.

Par Thierry Lévêque. Edité par Yves Clarisse