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Société

Sept ans après le mariage pour tous, les opposants à la PMA pour toutes se mobilisent dimanche

En plein débat sur le projet de loi bioéthique à l'Assemblée nationale, la Manif pour tous et une vingtaine d'autres associations appellent à se rassembler à partir de 13 heures près du Sénat.

Sept ans après, ils tentent le match retour. Les opposants à l'ouverture de la PMA à toutes les femmes appellent à une marche dimanche à Paris et espèrent mobiliser autant que lors des manifestations contre le mariage pour tous en 2012-2013. Quand bien même le contexte leur semble moins favorable.

En plein débat sur le projet de loi bioéthique à l'Assemblée nationale, la Manif pour tous et une vingtaine d'autres associations appellent à se rassembler à partir de 13 heures près du Sénat.

Plus de trois millions de tracts distribués, des milliers d'affiches placardées, plus d'une centaine de cars complets et deux TGV affrétés: les organisateurs n'ont pas lésiné sur les moyens pour faire nombre dans les rues.

"Le sujet, c'est la marchandisation de l'humain"

"Liberté, égalité, paternité", "Tous nés d'un père et d'une mère voilà l'égalité", "privés de papa, de quel droit?" Les slogans préparés sur les banderoles combattront la "PMA sans père", le mot d'ordre martelé par les opposants à une extension de la procréation médicalement assistée aux lesbiennes et aux femmes célibataires.

"Le sujet, c'est l'absence volontaire de père, le détournement de la médecine, la marchandisation de l'humain et, bien sûr, de la démocratie", énumère Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous.

L'archevêque de Paris Mgr Michel Aupetit a déploré vendredi dans une tribune au Figaro "l'attitude dédaigneuse, voire arrogante" du gouvernement vis-à-vis des opposants au texte.

Pas d'objectif chiffré

Alors que la contestation contre le mariage pour tous avait drainé jusqu'à 340.000 personnes dans les rues selon la police - jusqu'à 1,4 million selon les organisateurs -, Ludovine de la Rochère, prudente, ne fixe pas d'objectif.

"Le déroulement et l'ambiance de la manifestation sont aussi importants que son ampleur", argue-t-elle.

"Ce ne sera pas ridicule. Ce sera sans doute comparable aux chiffres de la première manifestation de 2012, autour de 100.000 personnes", pronostique Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques (AFC), autre poids lourd de la mobilisation.

Une opinion publique "beaucoup moins crispée"

"Il est difficile d'anticiper ce qui va se passer dimanche, mais l'opinion est beaucoup moins crispée sur la PMA que sur le mariage", analyse Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'Ifop.

Selon le dernier sondage de l'institut en septembre, une très large majorité de Français soutient l'ouverture de la PMA aux femmes seules (68%) et aux lesbiennes (65%), un "niveau record". Le mobilisation risque de pâtir également d'un déficit d'"incarnation" selon Frédéric Dabi. 

L'ancienne porte-parole médiatique de la Manif pour tous, Virginie Tellenne, alias Frigide Barjot, n'a pas été conviée au cortège, puisqu'elle défend un modèle de coparentalité alliant PMA et conservation du lien avec le père biologique, que rejettent les autres organisations. 

"Si vous divisez par deux le podium, vous divisez la rue par 10", prédit la déléguée générale de l'Avenir pour tous.

"Résignation"

Côté politique, hormis l'ex-députée d'extrême droite Marion Maréchal, les quelques élus Les Républicains (François-Xavier Bellamy, Guillaume Larrivé, Xavier Breton, Julien Aubert), du Rassemblement national (Nicolas Bay, Gilbert Collard) ou apparentée RN (Emmanuelle Ménard) qui ont annoncé leur présence, n'ont pas le poids politique qu'avaient Laurent Wauquiez ou François Fillon il y a sept ans.

L'ex-ministre Christine Boutin, retirée de la vie politique depuis 2017, "ne sait pas encore" si elle défilera. "Il y aura du monde, mais pas la foule comme lors du mariage pour tous", déclarait-elle au Point en août.

Chez les catholiques, dont une partie avait nourri les rangs des opposants à la loi Taubira, l'heure est à la "résignation", estime Philippe Portier, sociologue des religions et de la laïcité. "Depuis 40 ans et les lois Neuwirth (sur la pilule), puis Veil (sur l'IVG), l'Eglise a enregistré une succession de défaites", souligne le chercheur au CNRS. 

Jules Pecnard avec AFP