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Société

Seine-Saint-Denis: des élus et syndicats peu convaincus par les mesures du gouvernement

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- - Loïc Venance - AFP

Parmi les dispositifs retenus par le gouvernement figurent une prime de 10.000 euros pour fidéliser les fonctionnaires, le recrutement de 150 policiers ou encore le renforcement des contrôles des logements insalubres.

Les élus de Seine-Saint-Denis sont mitigés après l'annonce, ce jeudi, des mesures du gouvernement face aux difficultés de leur département. Certains regrettent que "le Big Bang de l'égalité n'a pas eu lieu", quand d'autres retiennent une "reconnaissance" de l'exécutif.

"Il va falloir attendre fin 2021 pour l'application de ces mesures alors qu'il y a urgence", regrette Meriem Derkaoui, la maire communiste d'Aubervilliers. 

De son côté, Stéphane Troussel, président PS du département note "l'effort", mais "le rendez-vous est manqué pour l'éducation: on manque de professeurs et le dédoublement des classes de CP/CE1 ne peut se déployer alors que c'est le département qui en a le plus besoin".

"Il faut rester vigilant pour que ces mesures aillent au bout des choses, mais il y a déjà une reconnaissance de la part du gouvernement", a aussi déclaré Gilles Poux, maire PCF de la Courneuve, qui déplore tout de même "un angle mort" sur les questions d'éducation, notamment des collèges.

"Nous attendions un big bang de l'égalité"

"Face à l'urgence, nous attendions un big bang de l'égalité, nous ne l'avons pas", a regretté Gérard Cosme, président Est Ensemble, qui regroupe 9 communes de Seine-Saint-Denis.

Pour Stéphane Testé, député LaREM du département, "les 20 millions d'euros supplémentaires fléchés pour financer les travaux effectués par les mairies pour le dédoublement des classes sont une véritable bouffée d'oxygène pour les collectivités".

Malgré les annonces du gouvernement centrées sur l'attractivité pour les fonctionnaires, la sécurité, la justice et l'éducation, le problème "n'est pas réglé", estime Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis, mais "pour une fois le gouvernement admet que notre département est le plus pauvre de France".

Prime, recrutement de policiers...

Parmi les dispositifs retenus par le gouvernement figurent une prime de 10.000 euros pour fidéliser les fonctionnaires, le recrutement de 150 policiers ou encore le renforcement des contrôles des logements insalubres.

"Elle est bien cette prime mais si les fonctionnaires empochent 10.000 et s'en vont il faudra recommencer", s'inquiète le maire UDI de Bobigny, Stéphane De Paoli. Pour lui, il faut des mesures "maintenant et pas dans cinq ans".

"Est-ce que les anciens sont aussi concernés ou cela concerne uniquement les élèves sortis d'école?", se demande Grégory Goupil, délégué Alliance 93, le syndicat policier. "Concernant le recrutement des 150 policiers, si la mesure se fait sur deux ans, cela revient à un effectif constant avec les départs à la retraite et les départs en province", ajoute-t-il.

Pour Stéphane Peu, député communiste du département, c'est déjà une victoire "que le Premier ministre se déplace avec la moitié du gouvernement", cela "envoie un message fort" et "c'est un plan ambitieux que nous allons surveiller dans son application".

Les syndicats déçus

Les syndicats de fonctionnaires CFDT, FO et Unsa se sont aussi montrés circonspects.

"Qu'il y ait des annonces allant dans un sens de l'équité c'est une bonne chose; inciter les gens à rester dans des territoires difficiles, aussi - il n'y a pas que la Seine-Saint-Denis - mais ces annonces ouvrent toute une série de questions", a déclaré Mylène Jacquot (CFDT, 2e).

"Nous allons avoir besoin très vite de précisions et de discussions (...). Il ne faudrait pas donner l'impression que la Seine-Saint-Denis se réduit à l'éducation et à la sécurité. Il y a de nombreux secteurs tout aussi importants qui ne sont pas concernés par ces annonces. C'est très centré sur l'Etat mais on ne sait pas ce qui est prévu pour les agents hospitaliers, pour les agents territoriaux, pour les contractuels ou les agents basés ailleurs qu'en Seine-Saint-Denis qui travaillent pour ce département", a-t-elle ajouté.

Pour Christian Grolier (FO, 3e), "une fois de plus cette intervention du Premier ministre est totalement inadaptée alors qu'un nouveau rendez-vous salarial avec le secrétaire d'Etat à la fonction publique, Olivier Dussopt, est prévu le 5 novembre, qui concerne 5,5 millions d'agents publics". "Est-ce que les 10.000 euros accordés aux agents en Seine-Saint-Denis seront pris en compte dans le calcul de la retraite?", s'est-il interrogé avec ironie, en qualifiant ces annonces de "démagogiques", "provocatrices pour le secteur privé", et pas de nature à "apaiser le climat social".

Cyrielle Cabot avec AFP