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Société

Se loger à Paris : mission impossible ?

A Paris, le mètre carré pourrait dépasser le seuil record des 8.000 euros début 2011

A Paris, le mètre carré pourrait dépasser le seuil record des 8.000 euros début 2011 - -

Depuis le début de l'année, une trentaine de personnes mal logées vivent dans un bâtiment vide de l'avenue Matignon, au coeur de Paris, à deux pas de l'Elysée et du palace Le Bristol...

Derrière la vitre fumée de l'immeuble occupé et gardé par des CRS, on aperçoit une marionnette figurant un sans domicile fixe plongé dans un sac de couchage dont la tête est un masque à l'effigie de Nicolas Sarkozy. Depuis le début de l'année, une trentaine de personnes mal logées vivent dans ce bâtiment vide de l'avenue Matignon, au coeur de Paris, à deux pas de l'Elysée et du palace Le Bristol.
Jeunes salariés, chômeurs, familles ou étudiants, une partie d'entre eux avait occupé l'an dernier un hôtel particulier vide de la place des Vosges, avant d'être expulsés en octobre. "Ces squats ont une double vocation : répondre à une urgence sociale et mettre un coup de projecteur sur la question du logement", a expliqué à Reuters l'un des occupants, Maxim Hupel. "Comme l'égalité hommes-femmes, ce sont de vrais sujets qui ne trouvent jamais de réponse", déplore-t-il. "Or, se loger et se nourrir, c'est la base des préoccupations des Français".

Devenus le symbole de la pénurie de toits dans la capitale, les squatteurs de l'avenue Matignon ont reçu la visite de personnalités politiques. Le député UMP Etienne Pinte, l'écologiste Eva Joly ,le président du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon et le porte-parole du Parti socialiste Benoît Hamon ont dit leur soutien, promettant de mettre le logement au coeur du débat de l'élection présidentielle de 2012.

Autre symbole de la hausse exponentielle des loyers à Paris : le dernier bureau de poste de l'avenue des Champs-Elysées, ouvert il y a 20 ans, a fermé ses portes la semaine dernière pour échapper à une multiplication par cinq de son loyer. A cette image, de nombreuses entreprises sont contraintes de passer le périphérique pour échapper à des loyers exorbitants.

Le parcours du combattant des locataires

A l'origine de ces dérèglements : la fièvre immobilière qui a envahi la capitale ces dernières années. Selon le baromètre MeilleursAgents.com, les prix y ont progressé de plus de 20% en 2010. Actuellement de plus 7.500 euros en moyenne, le mètre carré pourrait dépasser le seuil record des 8.000 euros début 2011.

Entreprises, locataires, étudiants, familles désireuses d'accéder à la propriété : tous pâtissent de cette tendance, alimentée par une crise qui a conduit nombre d'investisseurs à délaisser les marchés financier pour la pierre. Dans Paris intra muros, les petites surfaces à moins de 200.000 euros ont été prises d'assaut.
Si la situation demeure tendue, "le marché reste rationnel et intelligent", tempère Nathalie Naccache, directrice d'agences immobilières dans trois arrondissements de Paris. "Les acheteurs sont prêts à mettre un certain prix, mais avec un niveau de qualité", dit-elle. "Les produits médiocres ou trop chers par rapport aux prestations sont boudés. On commence à avoir des négociations à la baisse sur des produits qui restent sur le marché plusieurs mois, ce qui n'était pas pensable il y a encore six mois".

Pour les locataires aussi, trouver un appartement relève du parcours du combattant, tant les garanties demandées sont nombreuses : gagner au moins trois fois le montant du loyer ne suffit pas ; une caution personnelle ou une garantie bancaire sont souvent exigées.

Prêt à taux zéro

"C'est vrai qu'arrivé à un certain âge, avoir à demander une caution parentale, ce n'est pas agréable", dit Nathalie Naccache. "Malheureusement, les gens honnêtes paient pour l'incivilité de personnes qui ont les moyens mais ne répondent pas à leurs obligations, ce qui rend les propriétaires très méfiants".

Face à cette situation, les réponses des pouvoirs publics sont bien insuffisantes aux yeux des associations de mal logés, qui réclament notamment de taxer ou réquisitionner les logements vacants et le respect de la loi qui impose aux maires de prévoir 20% de logements sociaux dans leur ville. Au début de l'année, le maire socialiste de la capitale, Bertrand Delanoë, a écrit au Premier ministre pour demander que l'Etat aide sa ville à atteindre ce seuil (de 17% aujourd'hui) et à encadrer les "loyers qui flambent".

Le gouvernement défend de son côté le nouveau prêt à taux zéro lancé au début de l'année. Objectif : augmenter la proportion de Français propriétaires de leur logement, actuellement de 58%, loin de la moyenne européenne de 70%.
Le dossier du logement vient de connaître un nouveau rebondissement avec l'idée controversée d'un député UMP de soumettre à l'impôt la plus-value réalisée lors de la vente d'une résidence principale. Elle entraînerait, selon l'Union nationale de la propriété immobilière, "une paralysie totale du marché immobilier".

Selon l'Insee, la France compte 250.000 personnes sans domicile ou en hébergement précaire et 2,9 millions habitant des logements sans confort. La moitié vit en Ile-de-France.