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Sarkozy et ses "deux neurones": quel rapport avec l'intelligence?

Nicolas Sarkozy sur le plateau de France 2, le 21 septembre 2014.

Nicolas Sarkozy sur le plateau de France 2, le 21 septembre 2014. - France 2 - AFP

Lors d'une interview sur France 2 le week-end dernier, Nicolas Sarkozy a demandé si on lui "prêtait deux neurones d'intelligence". Un, deux, trois?Combien faut-il vraiment de neurones pour réfléchir? BFMTV.com plonge pour vous dans le fonctionnement du cerveau humain.

"Est-ce que vous me prêtez deux neurones d’intelligence?". Cette drôle d’expression a été lancée deux fois par Nicolas Sarkozy lors du JT de France 2 dimanche dernier. Mais a-t-elle un sens d’un point de vue scientifique? L'intelligence se compte-t-elle en neurones? BFMTV.com vous explique tout.

Qu'est-ce qu'un neurone?

"La notion de neurones est assez généralisée aujourd’hui, on l’utilise souvent dans des expressions comme celle-ci", constate le Dr Roland Salesse, coordinateur de la Semaine du cerveau.

"Un neurone est une cellule nerveuse qui reçoit et émet de l’influx nerveux", explique le chercheur interrogé par BFMTV.com. Il digère puis transmet électriquement des informations. "Il y en a dans tout l’organisme, mais beaucoup plus dans le cerveau où se situent presque toutes les capacités 'computationnelles' (capacité à résoudre des problèmes, NDLR)".

Combien en faut-il pour réfléchir?

"On estime qu’un humain possède environ 100 milliards de neurones dans le cerveau, explique Roland Salesse, mais on s’amuse parfois à dire qu’à partir de trois neurones, on peut faire beaucoup de choses". En analysant, conservant et répondant aux informations, les neurones sont donc fondamentaux dans le fonctionnement de l'intelligence. Mais ils ne fonctionnent qu’en réseau. Indépendamment les uns des autres, ils sont inutiles.

Y a-t-il d'autres facteurs pour être intelligent?

Oui, il est encore très difficile d’expliquer l’intelligence mais les neuro-scientifiques identifient de nombreux facteurs autres que le nombre de neurones.

Le nombre de connexions. "Chaque neurone du cerveau peut faire un millier de connexions, et c’est cela qui compte", explique le Roland Salesse. "Le raisonnement intelligent, ce sont des capacités bien mystérieuses d’invention de nouveaux circuits et de mise en place de mémoires", résume-t-il. Certains de ces réseaux restent encore mal connus des scientifiques, mais on sait que l'ont peut créer ces connexions, des routes entre les neurones, et qu'elles peuvent aussi mourir.

La vitesse. Il semblerait que les personnes intelligentes assimilent les informations plus rapidement et y ont un accès plus facile et plus rapide.

D’autres cellules. Les scientifiques ont aussi récemment découvert un autre type de cellules dans le cerveau: les cellules gliales qui, greffées sur des souris, les auraient rendues plus intelligentes. Un nouvel indice sur le fait qu'en terme d'intelligence, les neurones ne font pas tout.

Un gros cerveau est-il un signe d’intelligence?

Pas toujours. Par exemple, le cerveau d’Albert Einstein pesait 1230 g contre 1350 g en moyenne chez l'homme. "Ce qui montre clairement qu’un cerveau volumineux n’est pas la condition nécessaire à une intelligence exceptionnelle", avait commenté Thomas Harvey, l'homme qui avait subtilisé le cerveau du savant pour l’étudier. En revanche, on y a bel et bien découvert un plus grand nombre de connexions neuronales que la moyenne. 

En conclusion: oui, l'apparition de l'intelligence nécessite bien au moins deux neurones… mais c’est très loin d’être suffisant!

Aurélie Delmas