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Société

Salle de shoot : les riverains du 10e arrondissement n’en veulent pas… chez eux

Une première salle de shoot expérimentale devrait voir le jour en septembre 2013.

Une première salle de shoot expérimentale devrait voir le jour en septembre 2013. - -

Mercredi la mairie du 10e arrondissement de Paris organisait une réunion publique afin de discuter de l’ouverture prochaine de la première salle de shoot dans l’hexagone. Si le 10e arrondissement a été choisi pour accueillir cette salle, l’emplacement exact n’est pas encore défini.

La drogue, ils n’en veulent pas dans leur quartier. Les habitants du 10e arrondissement de Paris étaient mercredi à la mairie pour une réunion publique de concertation avec le maire, des représentants de la sécurité et d'associations autour de l’ouverture d’une salle de shoot dans le quartier. Mais certains habitants sont déçus. Ils estiment n’avoir en fait pas été concertés ni entendus. « C’est une fausse concertation puisque la décision a déjà été prise », explique Franck.

Ouverture 7/7 et 200 passages par jour

Cette salle sera ouverte 7 jours sur 7, 8 heures par jour pour 150 à 200 passages par jour. Et pour éviter tout débordement, un renforcement des effectifs de police dans cette zone a été demandé. Mais pourtant certains riverains ne se sentent pas rassurés pour autant : « Puisqu’il y aura des consommateurs, il y aura forcément des dealers. J’habite dans un passage dans lequel depuis le début de l’année on comptabilise déjà 6 agressions. On n’en peut plus ». Mais d’autres se veulent plus pragmatique. « De toute façon, les dealers ne vont pas venir là puisque la police sera en bas », explique Henri, un riverain présent à la réunion. 

Entre scepticisme et pragmatisme

Malgré les attentes des riverains qui espéraient voir l’idée d’une salle de shoot s’évanouir dans un rêve, le gouvernement a donné son accord début février pour tenter cette expérimentation, la première en France. Cette salle sera destinée aux toxicomanes de rue précarisés et doit leur permettre de consommer leurs drogues dans de bonnes conditions d'hygiène, sous supervision de personnels de santé, et de réduire aussi les troubles à l'ordre public. « Cet argent serait beaucoup plus utile à des personnes âgées qui n’ont pas beaucoup d’argent, qui ne peuvent pas manger plutôt que de s’occuper des drogués. C’est eux qui veulent se droguer, on ne les a pas obligés. On ne va quand même pas payer pour eux. Si la salle doit être en bas de chez moi, elle sera en bas, il faut juste encadrer ».

« J’ai déjà été agressée trois fois, je ne vais pas attendre de me faire tuer »

« C’est une mascarade, explique Mireille qui habite le quartier de la gare du Nord depuis près de 40 ans. La salle de shoot est déjà décidée. On sait très bien qu’une fois que ces gens se sont injectés les produits ne sont plus tout à fait clairs. Quand on va les croiser entre la gare du Nord et notre appartement, ne pensez-vous pas que nous sommes dans une situation à risque. Pour ma part, j’ai déjà été agressée 3 fois. Alors qui va protéger les abords de la salle de shoot ? Ce sera la seule salle de shoot de tout Paris et sa région, tout le monde va rappliquer là. Ce qui m’ennuie c’est que cela se fasse en bas de chez moi, oui, ça, ça m’ennuie beaucoup. L’alternative, c’est que je prenne mes petites affaires et que je bouge d’ici. J’ai déjà été agressée trois fois, je ne vais pas attendre de me faire tuer ».

Tugdual de Dieuleveult avec A. Manoli