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Société

Retour à La Chapelle-Pajol: la situation s'apaise après la polémique sur le harcèlement de rue

Il y a dix jours, des femmes alertaient dans une pétition sur les situations de harcèlement dont elles faisaient l'objet dans le quartier de La Chapelle-Pajol à Paris. Depuis la présence policière a été renforcée et pour l'heure le climat semble s'être apaisé.

Elles avaient dénoncé l'omniprésence de groupes d'hommes et le harcèlement dont elles faisaient l'objet dans la rue. La pétition lancée par des habitantes du quartier de La Chapelle-Pajol suivie d'un débat sur les difficultés du quartiers (présence de dealers et vendeurs à la sauvette) semble avoir eu un effet.

En se baladant dans la rue, Fatima, une habitante du quartier constate le changement près du métro La Chapelle, dans le 18e arrondissement, où jusqu'à il y a quelques jours des dizaines de vendeurs à la sauvette et autres petits trafiquants monopolisaient l'espace. Ce jour-là, le trottoir est dégagé et les passants peuvent circuler sans encombre.

"L'idéal tout simplement c'est peut-être quelque chose comme ça. On ne demande pas plus, juste de passer librement. En tout cas pour celles qui ont subi des harcèlements, qui se sont senties agressées ou qui ont effectivement été agressées, juste d'avoir la possibilité de se balader en toute sécurité", espère Fatima. 

Les auteures de la pétition avaient mis en lumière un sentiment d'exclusion dont elles se disaient victimes dans un périmètre délimité par plusieurs rues du quartier. Les signataires dénonçaient "les insultes", les réflexions déplacées et insistantes des groupes d'hommes. Certaines expliquaient désormais éviter certaines rues par crainte d'être importunées.

"C'est des gens, peut-être pour tuer le temps en attendant de vendre, pour certains ils vont 'draguer' à leur manière les passantes", rapporte Fatima. 

S'attaquer aux réseaux pour faire reculer la délinquance

Dans le quartier, la présence policière est visible. Les policiers patrouillent sur le trottoir où les vendeurs à la sauvette avaient pignon sur rue. A quelques pas dans l'arrondissement voisin, Rémi Féraud le maire du 10e constate aussi la présence de petits trafics. Pour lui, un travail de fond doit être effectué avec une meilleure coordination entre la police et la justice.

"Ce qu'il faut, c'est que le phénomène recule, parce que la police et la justice s'intéresseront aux réseaux qui amènent notamment tous les objets qui peuvent être retrouvés, mais aussi qui peuvent être volés", insiste l'élu PS.

Hervé Pierre, ancien commissaire divisionnaire et auteur d'un blog sur l'économie criminelle estime que le laisser faire a favorisé l'implantation des zones de trafic et préconise de créer une cartographie de l'économie souterraine mise à la disposition d'une police urbaine.

"Il s'agit d'être capable de dire sur une carte: là vous avez de la revente de drogue, là de la vente de cigarette, là vous avez des épiceries illégales", détaille l'ancien policier. 

L'idée de la création d'un groupe local de traitement de la délinquance et des intimidations envers les femmes pourrait par ailleurs être abordé ce mercredi après-midi, lors d'une réunion avec le procureur de Paris François Mollins.

Carole Blanchard avec Igor Sahiri et Alexia Ferré