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Rescapé des attaques de Mohammed Merah, il témoigne pour la première fois

L'enterrement de Mohamed Legouad, l'un des militaires tué à Montauban par Mohamed Merah.

L'enterrement de Mohamed Legouad, l'un des militaires tué à Montauban par Mohamed Merah. - Philippe Merle - AFP

Le 15 mars 2012, Loïc Liber se trouvait en compagnie des deux militaires abattus à Montauban par celui que l'on a surnommé "le tueur au scooter". Tétraplégique après avoir reçu une balle dans le dos, il assure s'accrocher à la vie pour "ne pas laisser gagner" le terroriste.

15 mars 2012, Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, deux militaires sont froidement assassinés. Abel Chennouf et Mohamed Legouad sont, tous deux, abattus par un homme arrivé en scooter, casqué, qui leur tire dans le dos alors qu'ils se trouvaient devant un distributeur automatique de billets.Il s'agit de la deuxième attaque de Mohammed Merah.

Loïc Liber est le seul rescapé du "tueur au scooter". Ce jour-là, il accompagnait Abel Chennouf et Mohamed Legouad. Lui-aussi est tombé sous les balles de Mohamed Merah. Touché par un tir à la moelle épinière, le parachutiste antillais est aujourd'hui tétraplégique. Pour la première fois, trois ans après la folie meurtrière de Merah, il livre son témoignage.

"Un geste lâche"

"Je me rappelle très bien de la scène", raconte le militaire guadeloupéen au réseau radio-télé Outre-mer Première. "On était trois. Et cet homme est venu par derrière, décrit-il depuis sa chambre de l'hôpital militaire Percy à Clamart, dans les Hauts-de-Seine, tapissée de photos de son île natale et de sa famille, non loin de son béret rouge de parachutiste.

"C'est un geste lâche. J'étais au mauvais endroit au mauvais moment", dénonce Loïc Liber.

"Il m'a d'abord tiré dessus, dans le dos, puis il a tiré sur mes camarades. Je suis tombé. Je pensais que j'étais mort", retrace le parachutiste interrogé dans La Dépêche du Midi. Ensuite, Loïc Liber s'est réveillé à l'hôpital où le début d'un long calvaire va commencer.

"Je ne lâche rien"

Durant des mois, le militaire ne peut plus parler, ne ressentait plus rien. "Petit à petit, des sensations reviennent… Quant à savoir si je vais remarcher un jour, les médecins ne se prononcent pas sur cette question", poursuit-il dans le quotidien régional. Car son but est désormais de ne pas laisser gagner le terroriste.

"Tant bien que mal, je m'accroche à la vie. Aujourd'hui, je peux bouger la tête et les épaules. Petit à petit, je sens mon corps. J'ai des sensibilités. Je ne lâche rien", scande-t-il.

Un goût pour la vie qui n'empêche pas à Loïc Liber de connaître des doutes et des moments difficiles, comme au moment des attentats de Paris. "Ça m'a replongé trois ans plus tôt et fait repenser à ce que nous avons vécu avec mes camarades", raconte-t-il, tout en ayant une pensée pour les autres victimes de Mohamed Merah. Une cérémonie va se tenir jeudi à Toulouse en présence, notamment, de Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, le président de l'UMP et Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale.

J.C.