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Une association veut rapatrier la dépouille de Bernadette Soubirous à Lourdes

La basilique de Notre-Dame du Rosaire à Lourdes.

La basilique de Notre-Dame du Rosaire à Lourdes. - Pascal Pavani - AFP

Une campagne a été lancée pour que Bernadette Soubirous, enterrée à Nevers, repose désormais à Lourdes, près de la grotte où lui serait apparue la Vierge Marie à 18 reprises, selon l'Eglise catholique. Une telle initiative irait à l'encontre des volontés de la sainte.

"Nous ne savons pas si ça sera dans six mois ou six ans mais Bernadette reviendra". Ces mots se sont ceux de José Marthe, conseiller général durant 39 ans à Lourdes. Pour lui, "le moment est venu" que la dépouille de Bernadette Soubirous repose dans la commune qui l'a rendue célèbre aux yeux de l'Eglise catholique. 

En 1958, la Vierge Marie serait apparue à 18 reprises à cette petite bergère de 14 ans, selon les catholiques. Sans cesse sollicitée par la presse et les pèlerins, Bernadette Soubirous décide alors de quitter les Hautes-Pyrénées en 1866, à 22 ans, pour le couvent Saint-Gildard de Nevers, dans la Nièvre, où elle meurt le 16 avril 1879. Depuis, la dépouille de la sainte y repose dans une châsse de verre et de bronze, les mains jointes, vêtue d'un habit de religieuse noir, dans une chapelle à la décoration sobre.

"Notre démarche est pure"

Pour corriger cet apparent paradoxe, une association veut donc rapatrier sa dépouille dans la Basilique de l'Immaculée Conception, à Lourdes. Pour se justifier, José Marthe met en évidence une diminution d'effectifs au sein du couvent où repose Bernadette Soubirous. "A Nevers, les Soeurs subissent une diminution d'effectifs. Il me paraît inimaginable qu'un jour, seuls des laïcs soient en charge de Bernadette", assure l'ancien élu, qui a crée l'association "Pour le retour de Bernadette Soubirous à Lourdes".

"Notre démarche est pure", assure José Marthe, soutenu par 300 adhérents à l'association. "Ce n'est pas une idée mercantile", surenchérit son vice-président, Francis Bayoumeu, gérant de la "Maison paternelle de Bernadette", un petit musée qui promet "tous les souvenirs" de la sainte à ses 60.000 visiteurs annuels. Ce dernier assure que Bernadette Soubirous est partie "sous la contrainte car il y avait une pression médiatique". 

"Elle n'a jamais souhaité quitter Lourdes", insiste Francis Bayoumeu, également époux de l'arrière-petite-nièce de la sainte.

Une perte économique pour Nevers

Une version que contestent formellement les autorités de l'Eglise catholique. L'inhumation "relève simplement du souhait de Bernadette elle-même venue à Nevers pour se cacher", rappelle dans un communiqué Elisabeth de Tonquédec, la supérieure générale du couvent des Soeurs de la Charité. "En 1957, le pape Pie XII a entériné définitivement la position de l'Eglise en confirmant le maintien de Bernadette à Nevers", tranche-t-elle.

"On aurait la sensation d'être amputé si on devait perdre Bernadette", estime Alain Breton, le président de l'office de tourisme de Nevers, qui parle aussi d'"une réelle perte économique pour la ville". Une étude de 2012 a évalué les retombées à "plus de 2,5 millions d'euros".

"Aucune ambiguïté"

Cette position est appuyée par la direction des Sanctuaires de Lourdes, le centre de pèlerinage de la ville. "La tentative est vaine, tout simplement parce qu'elle n'est pas conforme aux souhaits" de Bernadette Soubirous, explique Mathias Terrier, le directeur de la communication de l'institution.

Dans ses logia, qui retracent l'ensemble des conversations de la sainte, elle avait répondu: "Oh! Non, jamais" à une réflexion d'une soeur suggérant son retour à Lourdes. "On fera bien des tentatives pour avoir ma malheureuse carcasse mais en vain", avait-elle ajouté. "Il n'y a aucune ambiguïté", conclut Mathias Terrier.

Justine Chevalier avec AFP